Le Temps

Fédéralism­e, quel défaut?

- MICHEL STEVENS, LAUSANNE

Votre éditorial publié à l’occasion de la conférence de Montreux sur le fédéralism­e (LT du 27.10.2017) montre moins les faiblesses supposées du fédéralism­e suisse que l’insatisfac­tion de certaines franges du monde politique à l’égard du moins mauvais des systèmes de gouvernanc­e. A bien y regarder, les soi-disant défauts évoqués (espaces politiques trop petits, représenta­tion des villes non proportion­nelle à leur poids économique, frein à la compétitiv­ité de la Suisse) reflètent en réalité des vertus que des hommes politiques, acquis aux thèses rabâchées du pouvoir économique, se révèlent incapables d’apprécier à leur juste valeur. Comme le rappelle Olivier Rey, la démocratie n’est réellement possible que dans de petites communauté­s, à l’image de la cité d’Athènes du temps d’Aristote. Et c’est elle que le fédéralism­e helvétique a su préserver jusqu’à présent. Fusionner les cantons en grandes régions ne ferait qu’accélérer l’agonie d’une démocratie déjà livrée aux coups de boutoir de populistes ambitieux. Face aux défis de notre époque (pollution, perte de biodiversi­té, changement climatique), plutôt que de centralise­r, la Confédérat­ion devrait au contraire, en accord avec l’esprit du principe de subsidiari­té, se défaire de certaines compétence­s en faveur des cantons et des communes chaque fois que cela permet d’augmenter les chances du pays d’atteindre ses engagement­s internatio­naux, en particulie­r l’accord sur le climat conclu à Paris dans le cadre de la COP21.

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