Fédéralisme, quel défaut?
Votre éditorial publié à l’occasion de la conférence de Montreux sur le fédéralisme (LT du 27.10.2017) montre moins les faiblesses supposées du fédéralisme suisse que l’insatisfaction de certaines franges du monde politique à l’égard du moins mauvais des systèmes de gouvernance. A bien y regarder, les soi-disant défauts évoqués (espaces politiques trop petits, représentation des villes non proportionnelle à leur poids économique, frein à la compétitivité de la Suisse) reflètent en réalité des vertus que des hommes politiques, acquis aux thèses rabâchées du pouvoir économique, se révèlent incapables d’apprécier à leur juste valeur. Comme le rappelle Olivier Rey, la démocratie n’est réellement possible que dans de petites communautés, à l’image de la cité d’Athènes du temps d’Aristote. Et c’est elle que le fédéralisme helvétique a su préserver jusqu’à présent. Fusionner les cantons en grandes régions ne ferait qu’accélérer l’agonie d’une démocratie déjà livrée aux coups de boutoir de populistes ambitieux. Face aux défis de notre époque (pollution, perte de biodiversité, changement climatique), plutôt que de centraliser, la Confédération devrait au contraire, en accord avec l’esprit du principe de subsidiarité, se défaire de certaines compétences en faveur des cantons et des communes chaque fois que cela permet d’augmenter les chances du pays d’atteindre ses engagements internationaux, en particulier l’accord sur le climat conclu à Paris dans le cadre de la COP21.
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