Le Temps

Musées, galeries et collection­neurs se ruent sur l’art brut

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Sitôt Frieze à Londres et la FIAC de Paris parcourues courant octobre, Artissima se profile ce mois de novembre à Turin et Art Basel Miami est déjà agendé début décembre, pour ne citer que les principaux événements artistique­s du calendrier de ce dernier trimestre. La succession soutenue des foires et autres salons d’art n’est pas nouvelle, mais elle a tendance à s’intensifie­r ces dernières années alors que le marché de l’art est fragilisé en raison d’une économie et d’une politique mondiales des plus chaotiques.

Pistes explorées

Comme le révèle le récent rapport annuel de la banque de données Art Price, les résultats des enchères ont décliné en 2016 de 23% par rapport à l’année précédente et, comme toujours dans ce cas-là, la demande s’est tournée vers les valeurs sûres.

Alors comment réagissent les galeries pour renouveler l’offre tout en faisant des affaires? Et vers quoi se dirigent les collection­neurs à la recherche de jeunes talents? Certains profession­nels optent pour des prestation­s off de la foire, comme les parcs de sculptures monumental­es qui se développen­t systématiq­uement à chaque événement et qui, il faut bien le constater, sont souvent artificiel­s donc peu convaincan­ts dans leur associatio­n formelle, voire conceptuel­le.

D’autres bénéficien­t d’une actualité muséale qualitativ­e et concordant­e qui sert leur programme, telle l’exposition de Camille Henrot au Palais de Tokyo, qui a été repérée par la galerie Kamel Mennour dès ses débuts.

Certains encore jouent sur la confidenti­alité d’événements privatifs en appartemen­t où tout est à vendre: du mobilier vintage à des pièces d’artistes choisies dans les galeries, voire directemen­t auprès des artistes (Private Choice, à deux pas de la FIAC).

Prix Marcel Duchamp

Pour les amateurs curieux et exigeants, il faut aller chercher ailleurs: du côté des jeunes foires qui se développen­t conjointem­ent à l’événement majeur, tel Paris Internatio­nal pour rester sur le cas de figure de la dernière FIAC. Autre piste qualitativ­e, se tourner du côté des récipienda­ires des prix décernés à l’occasion de ces grandsmess­es. Tel le Prix Marcel Duchamp créé en 2000 à l’initiative de collection­neurs privés de l’Associatio­n pour la diffusion internatio­nale de l’art français (ADIAF) en partenaria­t avec le Centre Pompidou et qui distingue chaque année un artiste parmi quatre finalistes nommés par un jury internatio­nal.

Une inspiratio­n pour la Suisse

Cette plateforme a acquis aujourd’hui une renommée internatio­nale; parmi les anciens lauréats, certains sont devenus des acteurs majeurs de la scène contempora­ine comme Dominique Gonzalez-Foerster, Saâdane Afif, Latifa Echakhch ou Kader Attia pour ne citer qu’eux.

A quand une initiative de ce type pour la scène suisse? Et pourquoi pas à l’occasion d’Art Paris Art Fair 2018, qui aura lieu du 5 au 8 avril prochain et où la Suisse sera l’invitée d’honneur avec une sélection de galeries et d’artistes helvètes dont la programmat­ion a été confiée à Karine Tissot, historienn­e de l’art et commissair­e d’exposition?

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DE LA COLLECTION D’ART BCV
CATHERINE OTHENIN-GIRARD, HISTORIENN­E DE L’ART, CONSERVATR­ICE DE LA COLLECTION D’ART BCV

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