Mauro Poggia se mue en pompier dans les EMS genevois
Devant la menace d’une extension du conflit social à d’autres établissements, le conseiller d’Etat convie les syndicats au dialogue. Il demande aussi à la direction de deux homes de suspendre la procédure d’externalisation qui fâche
Les pensionnaires des EMS genevois ont quelque raison de souffler. Le conseiller d’Etat Mauro Poggia prend en effet les devants pour éviter que tous les homes du canton ne s’embrasent. La lutte qui met aux prises les syndicats à la direction des résidences Notre-Dame et Plantamour, qui voulait externaliser les services hôteliers, menace en effet de déborder.
Sous la pression, Mauro Poggia invite donc les syndicats à la table du dialogue. Dans une lettre, il leur propose, ainsi qu’aux faîtières des établissements, de former un groupe de travail chargé de définir les bonnes pratiques en matière de sous-traitance et d’externalisation des prestations. Ce groupe aura déjà quelque chose à se mettre sous la dent, puisque les 54 établissements du canton ont été sollicités pour expliquer quels services ils sous-traitent, avec quels effets. «Sur la base des conclusions de ce groupe de travail, d’éventuelles propositions de modification du règlement seront proposées au Conseil d’Etat», précise Mauro Poggia, supputant sans doute que la sous-traitance pose moins de problèmes dans le domaine de la blanchisserie que dans celui de l’hôtellerie. Le ministre va même plus loin. Il annonce «solliciter la direction des deux EMS en question afin qu’elle suspende la procédure d’externalisation jusqu’aux conclusions du groupe».
Une victoire d’étape
Il fallait bien tenter d’éteindre l’incendie. Chauffé par les syndicats, le personnel concerné de Notre-Dame et de Plantamour a protesté en faisant plusieurs jours de grève. En ligne de mire: le changement de ses conditions de travail. Le Grand Conseil a alors volé à son secours, en acceptant une résolution d’Ensemble à gauche, du PS, des Verts et du MCG, demandant au Conseil d’Etat de s’opposer à l’externalisation. A la suite de quoi Mauro Poggia tentait d’infléchir la direction des EMS. Début novembre, il obtenait qu’elle garantisse, au-delà des exigences légales, le maintien des emplois et les salaires des collaborateurs concernés, sans limitation dans le temps. Pour autant, Unia ne lâchait rien. Obligé de cesser la grève à Notre-Dame et Plantamour – puisque la direction avait saisi la Chambre des relations collectives de travail –, le syndicat incitait d’autres EMS à se mobiliser, préventivement, devant le spectre de l’externalisation. Avec succès, puisque Les Bruyères et La Vendée débrayaient à leur tour, suivis par Les Mouilles et Bon-Séjour. Un autre EMS est également sur les rangs, promis à débrayer prochainement, malgré l’offre de Mauro Poggia.
Comment se fait-il alors que les syndicats n’aient pas baissé la garde? «Pour nous, la condition sine qua non est la cessation immédiate de la procédure d’externalisation, répond Giulia Willig, d’Unia Genève. Mais on salue le fait que les partenaires sociaux soient associés à la recherche de solutions, ce qui est une victoire d’étape et nous permet d’être positifs.»
Le directeur, Antoine Laupré, va-t-il obtempérer? Contacté, celui-ci n’a pas souhaité s’exprimer, «tenu au secret pendant la procédure de conciliation de la Chambre des relations collectives de travail».
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