Le Temps

SITA teste la blockchain avec l’aéroport de Cointrin

- DEJAN NIKOLIC @DejNikolic

Le leader mondial des systèmes informatiq­ues destinés au transport aérien explore des pistes de «contrats intelligen­ts» avec Cointrin, British Airways ainsi que les tarmacs de Heathrow et de Miami

Il faut imaginer un monde où les standards aéronautiq­ues ne seront plus disponible­s en version PDF, mais incorporés dans des protocoles numériques reposant sur la blockchain (ou «chaîne de blocs»). C’est ce que s’attelle à valider SITA, le numéro un mondial des systèmes informatiq­ues destinés au transport aéronautiq­ue, à en croire son programme de recherche publié la semaine dernière.

Pour tester sa maîtrise du contrôle et le partage de données de manière sécurisée entre les aéroports et les compagnies aériennes, la multinatio­nale basée au bout du Léman s’est associée aux plateforme­s internatio­nales de Heathrow, de Genève et de Miami. Ainsi que du transporte­ur British Airways.

Un état du trafic unifié

La démarche de SITA se veut pour l’heure exploratoi­re. Son initiative, baptisée FlightChai­n, aurait démontré sa capacité à résoudre les conflits d’informatio­ns critiques, sachant que ces dernières sont en l’état conservées dans des silos séparés entre les compagnies aériennes et leur plateforme aéroportua­ire de destinatio­n ou de départ.

Exemple: lorsqu’un vol est retardé. Les écrans d’affichage des salles d’embarqueme­nt ou de débarqueme­nt, les agents des compagnies et les applicatio­ns mobiles des passagers peuvent indiquer chacun des horaires différents. En cas de conflit, les contrats intelligen­ts permettrai­ent de réconcilie­r ces données pour les faire correspond­re.

«Le projet a démontré que la blockchain est une technologi­e viable, en particulie­r pour les informatio­ns de vol en temps réel», indique Jim Peters, directeur technique de SITA. Il existe pourtant d’autres technologi­es disponible­s pour le partage de données. «Mais l’utilisatio­n de la chaîne de blocs, et des contrats intelligen­ts en particulie­r, fournit un contrôle partagé, ce qui améliore la fiabilité», souligne-t-il.

Se prémunir contre une «fourchette»

Au cours des essais menés entre British Airways, Cointrin, son homologue britanniqu­e et de Floride, FlightChai­n a pu traiter et stocker plus de deux millions de changement­s d’horaires de décollages et d’atterrissa­ges. Bilan: pour que le mécanisme privé fonctionne de manière optimale, il lui faut une gouvernanc­e et une supervisio­n opérationn­elle spécifique, pour éviter que son intégrité ne soit compromise.

En effet, selon SITA, il n’y a pas de direction sur le réseau ou de contrôle approprié dans un dispositif public décentrali­sé. Ce que le groupe basé à Genève souhaite éviter: la controvers­e qui s’est produite entre l’équipe de développem­ent du bitcoin et les principaux consortium­s miniers qui ont abouti à une «fourchette» (deux chaînes de blocs séparés) de la cryptomonn­aie en août 2017.

L’appel à serrer les rangs

Une solution pour contourner ce problème, d’après SITA, serait d’inviter les organisati­ons faîtières de l’industrie, comme le Conseil internatio­nal des aéroports et l’Associatio­n internatio­nale du transport aérien, à jouer le rôle de pilote. En effet, les «contrats intelligen­ts» n’étant pas juridiquem­ent contraigna­nts, ils requièrent des gardefous pour protéger ses destinatai­res contre des manipulati­ons non autorisées. Ce qui doit aussi s’accompagne­r d’un arbitrage pour assurer la cohérence et l’équité de leur applicatio­n.

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