La réassurance se porte mieux malgré les récentes catastrophes naturelles
Le coût des ouragans «Harvey», «Irma» et «Maria» se traduit par des pertes auprès des réassureurs. Mais leurs fonds propres sont assez étoffés pour les absorber. En bourse, leurs actions s’apprécient dans l’attente d’une hausse probable des tarifs
Les coûts des ouragans «Harvey», «Irma» et «Maria» – ici Porto Rico après le passage de ce dernier – qui ont frappé l’Amérique du Nord et les Caraïbes atteindraient 100 milliards de dollars, selon une estimation du groupe Munich Re.
Après cinq années de sinistres inférieurs à la moyenne, 2017 pourrait être une année record en matière de catastrophes naturelles, selon les analystes de Morgan Stanley. Le leader mondial de la branche, Munich Re, a indiqué jeudi que les coûts des ouragans Harvey, Irma et Maria qui ont frappé l’Amérique du Nord atteindraient 100 milliards de dollars (99,5 milliards de francs). Le montant dépasserait celui de Katrina (75 milliards en 2005) et l’estimation de Swiss Re (95 milliards).
Les catastrophes naturelles appartiennent au quotidien des réassureurs. Même une année aussi riche en sinistres que 2017 ne les ébranle pas le moins du monde. Les catastrophes naturelles du troisième trimestre auraient réduit d’environ 8% les fonds propres des réassureurs. C’est important, mais les réserves sont suffisantes pour y faire face.
Fonds propres abondants
L’annonce par Swiss Re d’un rachat d’actions jusqu’à 1 milliard de francs qui accompagne la publication d’une perte de 468 millions de dollars après neuf mois témoigne de cette capacité de résistance. Les trois ouragans cités ont engendré 3,6 milliards de dollars de sinistres dans les comptes du numéro deux mondial de la réassurance. Mais les fonds propres du groupe sont si abondants que la direction se permet de procéder à ce programme de rachats d’actions. Pour Munich Re, le leader mondial de la branche, le coût de ces sinistres s’élève à 2,7 milliards d’euros (3,13 milliards de francs) au troisième trimestre, ce qui conduit à une perte nette de 1,3 milliard d’euros.
Le comportement des actions des réassureurs post-ouragans diffère de celui qui prévalait dans le passé. Habituellement, les titres baissent immédiatement après une catastrophe pour mieux repartir à la hausse dès qu’il apparaît que les réassureurs absorberont correctement les pertes et que des hausses de tarifs seront annoncées. Le scénario 2017 sort de l’ordinaire. Les actions des réassureurs ont immédiatement réagi à la hausse. Au cours des trois derniers mois, les actions Munich Re (+9,3%), Swiss Re (+5,8%) se sont appréciées, tandis que l’indice SMI ne progressait que de 3,1%.
Les réassureurs ont d’abord espéré qu’à la suite de ces sinistres, la tendance à la baisse des tarifs arrive à son terme. Le recul avait été alimenté par la présence massive des fonds spéculatifs dans les «obligations catastrophes» (cat bonds). Ce dernier marché, apparu dans le milieu des années 1990, à la suite de l’ouragan Andrew et au tremblement de terre à Northridge, en Californie, atteint 22,4 milliards de dollars fin 2016.
Cette présence d’investisseurs alternatifs explique en partie pourquoi les primes d’assurance catastrophes ont chuté de 40 à 50% et, selon Munich Re, ne permettaient plus de couvrir les risques.
Swiss Re prévoit des hausses de primes dans toutes les branches, y compris l’assurance accidents
Aujourd’hui, l’optimisme sur l’évolution des prix se généralise. Joerg Schneider, directeur financier de Munich Re, s’attend à une hausse non seulement dans les branches (bâtiments) et les régions les plus affectées par les catastrophes naturelles, mais aussi dans d’autres domaines. Swiss Re prévoit des hausses de primes dans toutes les branches, y compris l’assurance accidents. Hannover Re parle d’augmentations «à deux chiffres» dans l’assurance de catastrophes.
Les assureurs confirment la tendance observée par les réassureurs, ainsi qu’en témoignent les déclarations de George Quinn, directeur financier de Zurich. Aux Etats-Unis, les primes sont en hausse dans le bâtiment et l’automobile. Mais la tendance n’est pas générale. Les tarifs baissent encore dans la responsabilité civile.
Les analystes de Morgan Stanley estiment qu’une hausse généralisée de 1 à 5% des primes se traduit par une augmentation de 6 à 29% des bénéfices des réassureurs, et en moyenne de 14%. Dans le cas de Swiss Re, ils révisent de 7% à la hausse leurs prévisions de bénéfice pour 2019. Après un résultat à peine bénéficiaire en 2017, le réassureur suisse parviendrait à le ramener à 2,8 milliards de dollars l’année prochaine et 3,05 milliards en 2019.
Mais le marché ne s’attend pas seulement à une augmentation des tarifs. Les experts révisent aussi à la hausse les prévisions de catastrophes naturelles.
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