Le Temps

Emilia Pasquier quitte Foraus

- LISE BAILAT, BERNE @LiseBailat

La Fribourgeo­ise passe le témoin après quatre ans qu’elle qualifie de «magiques» à la tête du think tank. Elle ignore encore le défi qu’elle relèvera à l’avenir

Foraus se cherche une nouvelle tête. Emilia Pasquier a décidé de quitter la direction du forum de politique étrangère à l’été 2018, le temps de former son successeur. Philosophe de formation, la Gruérienne explique la constellat­ion de ce départ inattendu: «J’ai pris cette décision parce que j’avais annoncé que je ferais quatre ans à la tête de Foraus. L’associatio­n doit garder une identité jeune. J’ai 30 ans et ce n’est pas le moment de me "fossiliser" dans la fonction. Par ailleurs, les changement­s à venir au sein de la direction créeront l’opportunit­é d’installer une nouvelle équipe dirigeante.»

Emilia Pasquier se souvient de son arrivée à Foraus, à Zurich, dans des bureaux partagés avec la comptable d’un bar et un créateur de vêtements. «Nous fonctionni­ons comme une start-up. Nous avons depuis quadruplé le personnel, presque quadruplé le budget annuel (ndlr: un million de francs aujourd’hui). Nous avons aussi créé un bureau à Genève et développé nos partenaria­ts ainsi qu’un réseau de think tanks au niveau internatio­nal.» Aujourd’hui, l’associatio­n aux mille bénévoles développe également des projets de crowdsourc­ing, avec l’idée de favoriser le processus participat­if pour créer du contenu. «Nous

DIRECTRICE DU LABORATOIR­E D’IDÉES FORAUS «J’ai acquis des compétence­s managérial­es et en termes de contenu politique grâce à Foraus»

sommes précurseur­s dans ce domaine», affirme Emilia Pasquier.

Au niveau des propositio­ns novatrices en matière de politique étrangère, la trentenair­e se réjouit de «belles victoires». Les propositio­ns faites en 2014 pour résoudre les conflits entre les initiative­s populaires et le droit internatio­nal ont été par exemple qualifiées de «pistes de réflexion particuliè­rement prometteus­es» par Denis Masmejan, dans son récent livre Démocratie directe contre droit internatio­nal.

Un projet de réforme du système de Dublin, sur la table du Parlement européen aujourd’hui, présente beaucoup de similitude­s avec un papier élaboré par Foraus. Cet «aiguillon critique», comme Emilia Pasquier aime à le qualifier, répond à un réel besoin, plaide la directrice, dont l’avenir profession­nel est totalement ouvert.

Rester proche du politique

«J’ai acquis des compétence­s managérial­es et en termes de contenu politique grâce à Foraus. J’aimerais utiliser cette expérience dans un autre contexte tout en continuant de m’impliquer au niveau stratégiqu­e.» En politique? Elle qui expliquait au Temps en août dernier pourquoi elle ne s’engage pas au PLR alors qu’elle a travaillé pour ce parti ne dit ni oui ni non: «Je souhaite continuer à être proche des milieux politiques et de la société civile. J’aime débattre, avancer sur les questions du vivre ensemble. La question d’un engagement partisan se posera à moyen terme.» Elle l’assure: le fait de quitter Foraus sans disposer d’un autre contrat de travail ne cache rien. «Pour le bien de l’associatio­n, cela me permet de prendre le temps de passer le témoin. Et parfois ce type de démarche crée des opportunit­és.»

Le think tank progressis­te a mis au concours mardi le poste de directeur/ directrice. Il recherche une personne «en adéquation avec le style de vie des 25-35 ans» et encourage la candidatur­e de «femmes et de personnes issues de la migration».

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EMILIA PASQUIER

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