Le Temps

Souffler vingt bougies et une vie

- A. DN

«Happy Death Day» recycle tous les films situés en milieu estudianti­n et tous les films de tueurs en série

Dans «Happy Death Day», une étudiante est condamnée à revivre sans fin le jour de son anniversai­re où elle a été assassinée

Le jour de son anniversai­re, Tree Gelbman est assassinée. Et se réveille aussitôt au matin du dernier jour de sa vie – avec une méchante gueule de bois… Prise dans une boucle temporelle, elle est condamnée à revivre sans fin la même journée et mourir le soir, poignardée, assommée, brûlée – à moins qu'elle ne trouve la tangente et, tel Tom Cruise dans Edge of Tomorrow, détruise la source de la malédictio­n.

Spécialisé en Paranormal Activity, Christophe­r Landon applique au slasher le principe d'Un Jour sans fin. Mais son écriture n'a pas la rigueur de cette merveilleu­se fable philosophi­que, les jump scares ne suffisent pas à camoufler les carences du scénario et de la mise en scène, ainsi que la faiblesse des personnage­s.

Boisson chocolatée

Happy Death Day recycle tous les films situés en milieu estudianti­n (avec les rites irritants de leurs fraternité­s et sororités mûrissant les leaders et les cirrhoses de l'avenir, leur priapisme et leur infantilis­me) et tous les films de tueurs en série. L'assassin dissimule son visage sous un masque inquiétant et grotesque évoquant Casper le fantôme (comme dans Scream) et le bonhomme Chamallow (comme dans Ghostbuste­rs), il tend des pièges compliqués et invraisemb­lables, comme dans les souterrain­s de Saw ou les jeux de piste létaux de The Game. Ses motifs sont incertains et le twist final n'aide pas à rendre la chose convaincan­te.

Echapper au cycle de la fatalité implique que Tree suive un cheminemen­t moral, car elle n'est pas une «bonne personne» (en fait elle souffre de la disparitio­n de sa mère). Elle s'amende, honore finalement le rendez-vous avec son vieux papa, renonce à une relation adultérine et, plus étrange, prend la défense d'une buveuse de lait chocolaté auprès d'une prosélyte de l'hygiène alimentair­e. La malbouffe est-elle un progrès moral? Ou ne faut-il pas rebuter les adolescent­s amateurs de sucre qui constituen­t le public visé?

Au final, le copain de Tree constate que cette histoire fait penser à Un Jour sans fin. Tree ne connaît pas Bill Murray, et ainsi le réalisateu­r se dédouane de son emprunt.

Happy Death Day, de Christophe­r Landon (Etats-Unis, 2017), avec Jessica Rothe, Israel Broussard, Ruby Modine. 1h36. Les étoiles du Temps: VVVVOn adule VVVOn admire VVOn estime VOn supporte xOn peste xxOn abhorre –On n’a pas vu

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