Le Temps

Depuis les Pays-Bas, le suisse Xeltis lève 52 millions de francs

- ADRIÀ BUDRY CARBÓ @ AdriaBudry

Faute de trouver des fonds de croissance en Suisse, la start-up qui veut révolution­ner les thérapies cardiaques avait dû s’expatrier en 2012. Elle devrait commercial­iser ses premières valves restaurati­ves dans deux à trois ans

Xeltis poursuit son bout de chemin. Après avoir vainement cherché des fonds de croissance en Suisse, l’ancienne spin-off de l’Université de Zurich a levé consécutiv­ement 30 millions de francs fin 2014 et l’équivalent de 52 millions de francs mercredi.

Deux tours de financemen­t bouclés en un peu moins de trois ans qui permettron­t à la start-up de commercial­iser ses premières valves cardiaques dans deux à trois ans. Une cadence impossible à envisager depuis la Suisse, explique son directeur, Laurent Grandidier.

L’entreprise avait décidé il y a quelques années d’installer sa structure de recherche et développem­ent à Eindhoven, aux PaysBas, où elle emploie une cinquantai­ne de personnes. En partie en raison des facilités pour trouver des fonds de croissance – le financemen­t est notamment assuré par des fonds européens et un investisse­ur stratégiqu­e états-unien. Mais aussi parce que la technologi­e a été développée dans une université néerlandai­se.

Une valve naturelle pour la vie

Xeltis veut révolution­ner le secteur des thérapies cardiaques avec des valves qui se forment dans le corps des patients, et non plus en laboratoir­e. Fabriquée à partir de polymères bio-absorbable­s, la matrice synthétiqu­e «attrape» les cellules, puis se résorbe d’ellemême, offrant aux patients une «meilleure qualité de vie» tout en réduisant les coûts de santé, assure le directeur de l’entreprise, dont le siège se trouve toujours à Zurich (six employés).

L’obsolescen­ce des valves traditionn­elles représente un problème toujours plus important au vu de l’allongemen­t de l’espérance de vie. Les valves aortiques doivent par exemple être changées tous les dix ans, voire plus rapidement si le patient est jeune. Laurent Grandidier rappelle les limitation­s des techniques actuelles: «Les valves insérées via des interventi­ons transcathé­ter [sans ouverture du thorax] s’abîment également plus vite. Ce sont des opérations qui sont de toute façon très lourdes et qui ne peuvent pas être répétées à l’infini.»

Les valves pulmonaire­s, déjà testées sur l’homme, devraient être les premières à arriver sur le marché. Elles concernent notamment les personnes nées avec des malformati­ons congénital­es, un marché de quelques centaines de millions de dollars. Mais, à terme, Xeltis aimerait décliner sa technologi­e sur tous les types de valves (aortique, mitrale et tricuspide). «Ce sont des marchés colossaux, à plusieurs milliards de dollars, et qui devraient encore doubler dans les années à venir. Et notre technologi­e a le potentiel de changer l’approche médicale.» Les fonds obtenus devraient en tout cas permettre d’en avoir le coeur net. ▅

Xeltis veut révolution­ner le secteur des thérapies cardiaques avec des valves qui se forment dans le corps des patients

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