«Nous sommes plus ouverts aujourd’hui»
PRODUCTION Il y a dix ans, la RTS a révolutionné sa pratique en matière de séries
Quartier des banques marque un anniversaire: cela fait dix ans que la RTS a inauguré sa politique des séries. Après les sitcoms produites à l’interne, la chaîne, sous l’impulsion du chef de la fiction d’alors Philippe Berthet, s’est mise au système d’appels à idées auprès des indépendants. Un changement qui a sans conteste enrichi l’offre. Françoise Mayor, l’actuelle responsable, s’en explique.
Quelle a été votre inspiration pour ce nouveau régime? Nous avons décidé de passer des téléfilms dans lesquels nous investissions contre une venue en Suisse, comme L’Instit, à des séries. C’était une logique éditoriale: produire des fictions locales. Au fil des années, les sources de financement sont devenues plus nombreuses. A l’époque, nous nous sommes adressés à nos confrères de Radio Canada, qui produisent une quinzaine de séries par an, qui ont une pratique budgétaire établie. Ensuite, nous nous sommes tournés vers les Danois, qui nous ont beaucoup aidés. Il y a une solidarité des services publics, notamment dans la fiction.
Il y a quelques jours, la RTS s’est vantée d’avoir vendu 10, la série sur le poker, à une société hollywoodienne; mais elle avait presque été imposée à la chaîne… Disons qu’elle est née dans la douleur, et qu’il y a eu négociation. Nous pensions que le public serait dérouté, nous l’avions placée en deuxième partie de soirée, aux côtés de narrations complexes telles que Damages. Les choses ont changé.
On a souvent critiqué la case choisie, le samedi soir, peu judicieuse… Les auteurs nous reprochaient de limiter leur créativité parce que nous avions le samedi soir comme fenêtre imposée. Nous avons désormais une plus grande liberté dans la programmation, nous n’avons plus cette contrainte. Nous plaçons Quartier des banques après Temps présent,
«La circulation est plus grande: nous nouons des relations de travail, il y a une émulation»
il y a une logique. Et bien sûr, au fil des années, le rattrapage a pris de l’importance.
Ce qui a duré, ce sont les polémiques sur votre manière de brider les élans pour que les séries restent les plus rassembleuses. Il est toujours très important de parler au plus grand nombre. Il faut que la série demeure accessible. Mais il est vrai que nous sommes plus ouverts. Il me semble que Quartier des banques, comme Anomalia l’année passée, l’illustrent.
Les audiences restent-elles stables? Entre 100000 et 150000 spectateurs, une part de marché de 25% en général. Nous constatons que nous avons pu capter des publics un peu plus jeunes avec Station Horizon et Anomalia.
Un point demeure timide, l’exportation: les Belges francophones ont fait une entrée fracassante l’année passée avec Ennemi public et La Trêve… Et j’en suis heureuse. Ils nous avaient approchés, voulant eux aussi se mettre à produire des séries francophones. J’ai participé à des pitchings de ces séries. La circulation est plus grande que le seul export: nous nouons des relations de travail, il y a une émulation. Avec des partenaires belges, nous allons encore faire un téléfilm à Fribourg, une comédie. Et depuis Station Horizon, je constate une curiosité pour nos séries. Par exemple, nous l’avons vendue à Netflix et en Russie, entre autres.
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