Apple et le FBI entament un nouveau bras de fer
Le Bureau fédéral d'enquête exige d'Apple l'accès à l'iPhone du tueur de Sutherland Springs. L'affaire rappelle celle de la tuerie de San Bernardino
Ils sont plus de 7500, selon une estimation du sous-procureur général du Département de la justice. En octobre, Rod Rosenstein estimait que le FBI ne parvenait pas à accéder au contenu de 7500 téléphones, verrouillés et pour l esquels l es fabricants n'offraient aucune assistance. Depuis quelques jours, un autre smartphone a rejoint cette l i ste: celui de Devin Kelley, l'homme qui avait tué, le 5 novembre, 25 personnes dans une église de Sutherland Springs, au Texas.
En fin de semaine passée, le San Antonio Express-News affirmait que le FBI avait lancé un mandat ( « warrant » ) contre Apple pour le forcer à lui permettre d'accéder au smartphone du tueur, un iPhone SE. Ce portable est d'autant plus important pour les enquêteurs que le tueur a contacté son père durant sa fuite, avant de se suicider. Il avait aussi envoyé des messages de menace à sa belle-mère.
Cette affaire rappelle la tuerie de San Bernardino en Californie, intervenue en décembre 2015, pour laquelle le bilan avait été de 14 morts. Apple avait refusé d'aider le FBI à accéder à l'iPhone 5C du tueur. Du coup, le FBI avait dû utiliser les services d'une autre société privée. Il s'était apparemment agi de l'entreprise israélienne Cellebrite, dont l'aide avait coûté, selon les rumeurs, 1 million de dollars, sans que l'on ait jamais su si des informations utiles avaient été trouvées dans le téléphone.
Erreur du FBI?
Dans le cas de Sutherland Springs, Apple a pris les devants. Dans un communiqué, la société écrivait, quelques jours après le drame: «Nous avons offert de l'aide et nous avons dit que nous accélérerions tout processus légal qu'ils nous enverraient.» Cette annonce avait été faite après que la police a tenu une conférence de presse lors de laquelle elle regrettait de n'avoir pas pu déverrouiller le téléphone.
D'après plusieurs médias américains, le FBI aurait fait une erreur dans les heures ayant suivi le drame: il a préféré confier l'iPhone SE à un laboratoire forensique situé à Quantico, en Virginie, plutôt que de demander immédiatement de l'aide à Apple. La société aurait pu conseiller à la police d'utiliser les empreintes digitales du tueur pour déverrouiller le téléphone. Mais il aurait fallu faire vite: car 48 heures après le drame, le système Touch ID devenait inutilisable (sans que l'on sache pourquoi). Il n'est pas certain que Devin Kelley avait activé le lecteur d'empreintes digitales, mais cela semblait probable: 80% des utilisateurs d'iPhone de cette génération le font.
Pas de porte dérobée
L'affaire pourrait désormais durer, comme cela avait été le cas lors de la tuerie de San Bernardino. Apple avait catégoriquement refusé d'aider le FBI à déverrouiller l'iPhone, craignant de lui donner un moyen d'avoir accès potentiellement au contenu de tous ses smartphones en circulation. La société avait aussi refusé de créer une porte d'entrée spéciale pour la police, pour accéder à iOS, le système de l'iPhone. Tim Cook s'était montré ferme: «Le FBI peut utiliser d'autres mots pour décrire cet outil, mais ne vous y trompez pas: créer une version d'iOS qui court-circuite ainsi la sécurité créerait une porte dérobée. Et même si l e gouvernement affirme que son usage serait limité à ce cas, il n'y a aucun moyen de garantir ce contrôle.»
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