L’éducation du futur sera numérique et elle s’invente à l’EPFL
Dix start-up du monde entier ont suivi sur le site de l’EPFL un programme intensif durant onze semaines pour transformer leur technologie en succès. Elles sont actives dans le secteur des EdTech
Sur le campus de l’EPFL, durant onze semaines, dix jeunes sociétés venant du monde entier ont été sélectionnées pour bénéficier de conseils, rencontrer des investisseurs et transformer leur modèle d’affaires en succès. Elles ont toutes comme point commun de développer des technologies innovantes autour de l’éducation. C’est ce qu’on appelle des «EdTech».
Alors que le numérique a révolutionné plusieurs secteurs, l’éducation reste pour l’heure très traditionnelle, avec des classes et un enseignement qui n’ont pour ainsi dire pas changé au fil des années. Les cours sont toujours donnés par des enseignants sur une estrade alors que les ressources pédagogiques restent souvent cantonnées à des supports papier. Quant aux parents, ils continuent de remplir de petits coupons qu’ils renvoient par courrier à la direction des écoles pour annoncer un rendez-vous chez le médecin ou faire une demande de congé.
«L’enseignement traditionnel est voué à disparaître», affirme Ariane Dumont, conseillère pédagogique à la Haute Ecole spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO). «Les choses vont changer. Il y a une volonté politique de numériser l’éducation», explique, pour sa part, Danièle Castle, directrice du programme Kickstart Accelerator EdTech, un programme réalisé en partenariat avec l’EPFL et dirigé par Venturelab. Elle est aussi en charge de sélectionner ces dix start-up internationales.
Un pôle de la technologie et de l’éducation
Ces jeunes sociétés internationales – dont trois suisses – ont suivi pendant onze semaines le programme Kickstart Accelerator EdTech. «Il s’agit du seul programme de ce type en Europe, dédié aux technologies de l’éducation», précise Danièle Castle.
Le 23 novembre, les noms des gagnants seront révélés. «Nous espérons que certaines start-up resteront dans la région lémanique», note Danièle Castle, qui rappelle que Lausanne a été sélectionnée par le programme national de promotion des technologies du numérique Digitalswitzerland comme étant le lieu dédié à l’éducation de demain. Un choix lié probablement en grande partie à la présence de l’EPFL, pionnier en matière de MOOC, à savoir de cours universitaires sur Internet accessibles à tous. A ce propos, l’EPFL a annoncé, le 15 novembre, qu’il était désormais possible de décrocher un titre académique de l’institution sans études préalables. Les programmes en ligne de l’EPFL Extension School permettent d’obtenir un Certificate of Open Studies, sans aucun prérequis. Les inscriptions au premier programme se sont ouvertes la semaine passée.
Parmi ces jeunes entrepreneurs, il y a Frederick Haverbeke, un Flamand de Bruxelles, qui a créé aux Etats-Unis la start-up Edorble. Il est venu à Lausanne pour apprendre, notamment, à mieux cibler son marché, à savoir les adolescents de 13 à 18 ans. «Nous avons développé une plateforme web où les cours sont transposés dans un monde virtuel et où chaque étudiant possède son propre avatar», explique celui qui a déjà convaincu le Technopolis, le musée national de Belgique.
Vidéos humoristiques
Il y a aussi Mathrix, une start-up française, déjà suivie par 450000 utilisateurs, qui réalise notamment des vidéos humoristiques sur les maths ou la physique et donne des conseils d’apprentissage aux adolescents. La start-up indienne RyMM a développé, pour sa part, une plateforme qui fait le lien entre l’école maternelle et primaire et les parents afin de faciliter la communication, en passant par une gestion administrative plus efficace. Plusieurs écoles au Chili, aux EtatsUnis et en Inde font déjà appel à cette application qui permet en quelques clics d’annoncer un retard, une absence ou de communiquer avec l’enseignant.
UbiSim, une start-up lausannoise, offre, grâce à la réalité virtuelle, des possibilités d’entraînement aux procédures pour les soins infirmiers et médicaux, en tout lieu et en tout temps. La jeune entreprise collabore avec l’école de soins infirmiers La Source basée à Lausanne. Enfin, U-Smart Toys a développé pour sa part des jeux interactifs destinés aux parcs publics. Des tests sont en cours à Barcelone. Ces tables interactives solaires encouragent l’activité physique de manière ludique.
«Les choses vont changer. Il y a une volonté politique de numériser l’éducation» DANIÈLE CASTLE, DIRECTRICE DU PROGRAMME KICKSTART ACCELERATOR EDTECH
Formation continue
La formation continue en entreprise inspire également de nombreux créateurs de start-up. C’est le cas de Sarah Schwab, ancienne directrice de l’école hôtelière Les Roches. Elle a décidé, à l’âge de 50 ans, de créer une start-up, nommée The Experience Accelerator. «Notre système repose sur un avatar créé à partir de son selfie. L’utilisateur se voit alors sur une plateforme et permet d’apprendre en situation. Le cerveau apprend mieux lorsqu’il y a un processus de visualisation de soimême.»
«Si nous trouvons un investisseur en Suisse, nous resterons volontiers dans la région, dit pour sa part Pascal Merme, cofondateur de la start-up française InTeach, qui offre une solution d’apprentissage à distance et à la demande. Nous avons développé des mini-cours pour smartphone qui permettent aux employés d’une société de se former à l’endroit de leur choix, par exemple dans les transports publics. Nos cours qui répondent aux besoins de l’entreprise reposent sur des mécanismes de jeux pour motiver les utilisateurs. Nous travaillons déjà avec dix clients, à l’exemple de la SNCF, d’EDF ou de Sanofi. Parmi les thématiques abordées, des cours sur la prise de parole en public, la gestion du stress, les techniques de vente, la cybersécurité ou les gestes de premiers secours.»
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