Journée du digital: à la politique de s’en mêler
Une société a besoin de symboles et de moments forts pour avancer. La journée du numérique organisée par Digitalswitzerland le 21 novembre a indubitablement réussi à fédérer une bonne partie de la Suisse dans un même élan. Cette initiative qui regroupe aussi bien des entreprises, des cantons que des écoles réussit à prendre de vitesse les institutions sans jamais les oblitérer. C’est une des forces du projet: faire collaborer des entités qui travaillent habituellement selon des agendas complètement différents, voire sont furieusement concurrentes.
Il n’y avait qu’à voir mardi les responsables de l’EPFL et de l’EPFZ se regarder comme des gros chats pour comprendre le niveau de compétition mais aussi d’ambition des deux grandes écoles. Se retrouver avec son principal concurrent à discuter d’enjeux vitaux pour le pays avec des acteurs de nombreux autres secteurs, c’est un des gains indéniables de l’exercice Digitalswitzerland. Cette plateforme, une sorte de World Economic Forum à l’échelle de la Suisse, démontre toute son utilité en termes de travail collaboratif et de vision partagée d’un avenir meilleur grâce à la technologie.
Mais si personne n’attend du WEF qu’il prenne des décisions concrètes pour améliorer l’état du monde, les observateurs vont par contre rapidement demander des comptes à Digitalswitzerland. Qu’au-delà des prouesses de nos centres de formation et entreprises exposés lors d’un événement comme la Journée du digital, des idées structurantes émergent. La fonction de laboratoire de contenus de l’institution – qui reste encore embryonnaire – doit se développer.
Il faut en effet donner de la matière à débattre dans le cadre de l’espace public et se fixer plusieurs missions. D’abord, rassurer la population qui voit encore les progrès dans l’intelligence artificielle ou la robotique, par exemple, comme autant de menaces et peine à anticiper les opportunités à saisir. Ensuite, imaginer de nouvelles approches: l’accélération du progrès dans tous les domaines oblige à penser non pas «comme avant avec une marge de progression estimée» mais différemment. Aurons-nous encore besoin d’autant de trains si une grande partie des Suisses travaille depuis la maison? Comment le système des retraites réagira à une généralisation du travail en indépendant? Les interrogations sont d’ores et déjà nombreuses.
Enfin, il faudra rapidement parler de politique, de culture et même d’identité. La numérisation n’est pas un projet de société en soi. Ce n’est qu’une formidable opportunité pour que la Suisse prenne son destin en main.
Une formidable opportunité pour que la Suisse prenne son destin en main