Le Temps

Course contre la montre pour retrouver le sous-marin argentin

Les espoirs se sont envolés: les signaux détectés lundi par le sonar de deux navires ne proviennen­t pas du «San Juan». Victime d’une avarie, le sous-marin est porté disparu dans l’Atlantique Sud depuis 6 jours, avec 44 membres d’équipage

- DANIEL ESKENAZI, BUENOS AIRES @Dan_esk

Neuf pays apportent un soutien logistique à Buenos Aires. Après sept jours, le submersibl­e n’a toujours pas été localisé

Porté disparu depuis six jours. Le sous-marin argentin ARA San Juan n'a plus émis de signaux depuis le 15 novembre. Ce jour-là, à 7h30 du matin, il avait été localisé dans le golfe San Jorge, à 432 kilomètres de la côte de la Patagonie. Il aurait dû entrer en communicat­ion avec l'armée à 22h (18h en Suisse), mais le contact n'a pu être établi à ce moment. D'une longueur de 65 mètres, le sous-marin était parti deux jours plus tôt de la base navale d'Ushuaia, à l'extrême sud de l'Argentine, pour rejoindre au final celle de Mar del Plata, ville située à 400 kilomètres au sud de Buenos Aires. La disparitio­n mystérieus­e du submersibl­e et de ses 44 membres d'équipage fait la une des médias argentins depuis une semaine.

Lundi, pour la première fois, l'armée argentine a reconnu que le sous-marin avait souffert d'avaries, probableme­nt un court-circuit ponctuel dans les batteries, selon un article paru dans le quotidien La Nación. «En raison de ces problèmes, je leur ai demandé de changer de cap en direction de Mar del Plata. C'était un chemin plus court et plus direct», a expliqué le capitaine de la marine et commandant du Groupement des navires océanograp­hiques, Gabriel Galeazzi.

Si l'on ne connaît pas encore les raisons qui ont conduit à la disparitio­n du sous-marin, les recherches s'intensifie­nt. Elles se déroulent sur une aire d'environ 480 km² autour de la zone de disparitio­n, malgré des conditions météorolog­iques désastreus­es durant plusieurs jours. «La tempête persiste et provoque des vagues de six à huit mètres, ce qui complique fortement les recherches», a relevé lundi Ignacio Uzquiza, porte-parole du Ministère argentin de la défense. La météo s'est toutefois améliorée mardi, ce qui facilite les opérations.

Large soutien internatio­nal

L'Argentine peut compter sur un soutien internatio­nal sans précédent. Le 19 novembre, les Etats-Unis ont acheminé des équipement­s de haute technologi­e à Comodoro Rivadavia, ville située environ à mi-chemin entre Ushuaia et Mar del Plata. Le Brésil, la Grande-Bretagne, le Chili, l'Uruguay, le Pérou, la Colombie, l'Allemagne et la France participen­t également aux recherches. Au total, 15 avions et 17 navires, ainsi qu'un hélicoptèr­e argentin, balaient la zone de recherche. Des systèmes sophistiqu­és de sauvetage en haute mer ont également été acheminés. D'autres équipages étrangers sont attendus mardi dans ce qui est devenu une course contre la montre.

L'espérance n'a pourtant pas manqué. Lundi, en début d'après-midi, coup de théâtre. Selon le site internet de CNN, la marine argentine a détecté des sons qui pourraient provenir du sous-marin perdu. C'est ce qu'a assuré un proche de l'un des membres des forces navales américaine­s envoyées en Argentine pour soutenir les efforts de recherche. «Les systèmes de deux navires ont détecté des bruits qui semblaient être des coups d'objets en fer contre la coque du sous-marin», a-t-il avancé. Selon ce proche du marin américain, les membres de l'équipage en perdition auraient agi ainsi pour alerter les navires qui passaient à proximité. La marine argentine serait désormais concentrée sur une aire d'environ 64 km², située à quelque 530 km des côtes de la Patagonie.

Espoir et désespoir

Lundi, en fin d'après-midi, l'armée argentine a confirmé l'informatio­n de CNN, via son porte-parole. «Nous avons enregistré un bruit dans la zone de recherche du sous-marin qui a disparu depuis mercredi. Le son pourrait provenir du navire, mais il faut se montrer prudent. Il faut traiter cette informatio­n», a affirmé Enrique Balbi. Mais dans la soirée, ce dernier douchait les espoirs des familles des membres de l'équipage. «Ces bruits ne correspond­ent pas à un sous-marin, à une suite de coups qui s'apparente au morse. C'est un bruit continu, constant, qui pourrait être de nature biologique. Cependant, nous allons profiter d'être dans la zone où il a été enregistré afin de la balayer. Nous devons éviter les doutes, exclure que ce bruit, comme le disent nos analyses, provienne du sous-marin et de coups portés contre la coque», a-t-il expliqué à La Nación. Ces sons ont été décelés dans l'Atlantique Sud, à une profondeur de 200 mètres et à 360 kilomètres de la côte argentine.

Le temps est compté

Pour mémoire, sept appels avaient été reçus samedi par des bases navales argentines. Après examen, il a été prouvé qu'ils ne provenaien­t pas de l'ARA San Juan comme espéré dans un premier temps.

Parallèlem­ent aux recherches, le président argentin, Mauricio Macri, s'est rendu lundi à Mar del Plata pour soutenir les familles des membres de l'équipage, qui attendent désormais un miracle. Les jours, voire les heures, sont comptés. En immersion, les réserves d'oxygène permettent de survivre durant sept jours.

En immersion, les réserves d’oxygène permettent de survivre durant sept jours

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