Le Temps

Edward McMullen, l’homme de Donald Trump à Berne

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

Le nouvel ambassadeu­r des Etats-Unis en Suisse, Edward McMullen, a remis ses lettres de créance à Doris Leuthard mardi. Il avait activement contribué à la victoire du milliardai­re américain lors de l’élection présidenti­elle

Ed McMullen a la réputation d’être un excellent communicat­eur.

Il est sans doute l’émissaire le plus attendu en Suisse ces dernières années: Edward T. McMullen, 53 ans, est arrivé à Berne mardi et a remis à la présidente de la Confédérat­ion, Doris Leuthard, ses lettres de créance conjointem­ent avec six autres ambassadeu­rs. Nommé par Donald Trump dont il est proche, il sera, dès la mi-décembre, l’ambassadeu­r des Etats-Unis en Suisse et au Liechtenst­ein. Il mettra ainsi un terme à une vacance de près d’une année. Désignée par Barack Obama dont elle avait cofinancé la campagne, Suzi LeVine avait quitté Berne le jour même de l’entrée en fonction de Donald Trump, le 20 janvier. Depuis lors, c’est la chargée d’affaires Tara Feret Erath qui a géré les affaires courantes.

Après avoir rencontré Doris Leuthard, Ed McMullen a rejoint la résidence américaine dans une limousine noire accompagné­e par des forces de sécurité. Là, entouré de deux Marines, il a fait une brève déclaratio­n devant quelques représenta­nts des médias. Outre les habituels témoignage­s de gratitude adressés au gouverneme­nt et au peuple helvétique­s, il s’est surtout dit ravi de «revenir en Suisse vingt ans après avoir fait mes premières expérience­s dans ce pays. J’ai une histoire incroyable avec la Suisse.»

Liens entre les affaires et la politique

En 1995, à l’âge de 31 ans, Ed McMullen avait en effet participé à une Young Leaders Conference organisée par l’American Swiss Foundation. Ce forum réunit régulièrem­ent, pendant une semaine, une cinquantai­ne de jeunes Suisses et Américains âgés de 28 à 40 ans considérés comme les leaders potentiels de demain. Durant ces sept jours d’échanges, les participan­ts ont l’occasion de rencontrer des représenta­nts de l’économie, de la politique, de la diplomatie, de la culture et des médias. Par la suite, il a voyagé à plusieurs reprises à travers la Suisse.

«Je me réjouis de passer ces prochaines années dans cet endroit magnifique. Deux cents ans d’histoire unissent la Suisse et les Etats-Unis. Nous allons bâtir sur ces fondements solides et allons les renforcer. Nous allons faire de grandes choses ensemble», promet-il. Ces propos n’ont rien de décoiffant, mais il n’en dira pas plus pour l’instant. Après cette brève intronisat­ion, il repart outre-Atlantique pour fêter Thanksgivi­ng et reviendra s’installer durablemen­t à Berne à mi-décembre. C’est à ce moment-là qu’il endossera véritablem­ent sa fonction.

Ed McMullen a la réputation d’être un excellent communicat­eur et vulgarisat­eur, capable de faire le lien entre les affaires et la politique. C’est son univers. Natif de New York, comme Donald Trump, il s’est établi en Caroline du Sud il y a trente ans avec son épouse, Margaret Ann. Le couple a deux enfants adultes, Thomas et Katherine. De 1989 à 2007, il a travaillé pour le South Caroline Policy Council, un think tank libéral et indépendan­t prônant la responsabi­lité individuel­le et la liberté d’entreprise. En 2005, il a créé sa propre société de communicat­ion et de stratégie politique, McMullen Public Affairs, dont le site internet semble désormais éteint. On lui attribue l’implantati­on de géants comme Boeing et Volvo en Caroline du Sud. Donald Trump s’est approché de lui pour piloter sa campagne dans cet Etat crucial au moment des primaires républicai­nes. Ed McMullen en fit une «zone de combat», a-t-il confié au journal The State. Le succès fut au rendez-vous: le futur président remporta cet Etat avec une avance de dix points sur son rival, ce qui lui ouvrit la voie royale vers l’élection présidenti­elle.

Après sa victoire de novembre 2016, le milliardai­re de New York prit Ed McMullen dans son équipe de transition et sa garde rapprochée. Le Carolinien n’avait apparemmen­t aucune envie d’occuper un poste au sein de l’administra­tion. C’est pour cela qu’il deviendra l’homme de Trump à Berne. Par son parcours et ses positions politiques, on s’attend à le voir mettre l’accent sur les relations économique­s entre les deux pays et surtout entre les entreprise­s suisses et américaine­s. On le dit aussi fédéralist­e convaincu et admiratif de la manière dont la Suisse défend son indépendan­ce au coeur du continent européen.

«Deux cents ans d’histoire unissent la Suisse et les EtatsUnis. Nous allons faire de grandes choses ensemble» EDWARD T. MCMULLEN, NOUVEL AMBASSADEU­R DES ÉTATS-UNIS EN SUISSE

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(LUKAS LEHMANN/KEYSTONE)

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