«Ouvrir un corridor de dialogue avec l’Italie»
Le nouveau chef de la diplomatie, Ignazio Cassis, a brisé la tradition en préférant l’Italie à l’Autriche pour sa première visite à l’étranger
Ignazio Cassis a choisi l’Italie pour son premier déplacement international, moins d’un mois après son élection. Le nouveau chef du département des Affaires étrangères (DFAE) a rencontré mardi à Rome son homologue italien, Angelino Alfano, durant une heure.
«Je souhaite par cette visite ouvrir un corridor de sympathie et de dialogue avec l’Italie», a déclaré le conseiller fédéral. Pour souligner l’importance qu’il accorde au voisin du sud, le Tessinois a rompu avec la tradition qui veut qu’un nouveau membre du Conseil fédéral se rende d’abord en Autriche.
Accord sur l’imposition des frontaliers en attente
Par ce «geste symbolique», le chef du DFAE a voulu envoyer un «signal fort». «Parmi les pays nous entourant, a-t-il expliqué aux correspondants de la presse suisse à Rome, l’Italie est celui avec lequel nous avons le plus de différends, ce n’est pas un secret.» En ce moment «délicat» dans les rapports avec le sud, ce n’est ainsi «pas un hasard si la Suisse a choisi un conseiller fédéral de langue et culture italiennes».
Le contentieux fiscal entre les deux voisins, avec l’accord contre la double imposition, est l’un des dossiers difficiles évoqués par les ministres. La Suisse attend également la signature de l’accord sur l’imposition des frontaliers. L’Italie l’avait soumise à deux conditions: le retrait par le Tessin de l’obligation de présenter un extrait du casier judiciaire pour obtenir un permis de séjour ou de travail et l’acceptation par le Conseil fédéral de l’ordonnance d’application sur l’initiative sur l’immigration compatible avec les accords bilatéraux. La première est remplie, la seconde le sera mi-décembre, a promis Ignazio Cassis à son homologue italien.
Or une signature avant les fêtes de fin d’année, comme espéré par Berne, semble improbable. Les élections législatives en Italie sont prévues à la fin de l’hiver. Comme le reconnaît lui-même le chef du DFAE, «la balle est dans le camp italien» et elle est de «nature politique»: «Au président du Conseil italien de décider si signer est politiquement opportun pour le gouvernement actuel.»
Le risque que l’accord ne soit pas paraphé avant la fin de l’année est «réel», regrette Gianni Farina, député du Parti démocrate (PD, centre gauche), membre de la commission des Affaires étrangères et président du groupe interparlementaire d’amitié italo-suisse. L’élu en fin de mandat espère néanmoins que «la sagesse l’emportera, car ces problèmes existeront toujours après les élections». Le député italien espère avoir l’occasion de rencontrer, lors d’un voyage à Berne mi-décembre, le nouveau conseiller fédéral aux origines transalpines, «exemple d’intégration» des deux côtés de la frontière, sachant que les Italiens forment en Suisse la plus grande communauté étrangère.
L’Italie est le cinquième partenaire commercial de la Confédération, avec 34 milliards de francs d’échanges en 2016. Malgré les différends, Rome a donc particulièrement apprécié le geste d’Ignazio Cassis, une «reconnaissance claire de l’excellence des relations» entre les deux voisins «dans tous les domaines».
▅
CHEF DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES