Fusion entre Time Warner et AT&T bloquée par Washington
Les autorités de la concurrence américaines se sont opposées lundi à la fusion entre la compagnie de télécommunications américaine AT&T et le groupe de médias Time Warner, qui possède CNN, un dossier devenu politique après les déclarations de Donald Trump
Le Ministère américain de la justice a affirmé dans une plainte que cette fusion, d'un montant selon lui de 108 milliards de dollars, nuirait aux consommateurs en «réduisant la concurrence, en menant à des prix plus élevés et en restreignant l'innovation pour des millions d'Américains».
AT&T a qualifié cette décision de «mesure radicale et inexplicable compte tenu de décennies de législation antitrust». «Des fusions verticales comme celle-ci sont régulièrement acceptées car elles bénéficient aux consommateurs sans amoindrir la concurrence sur le marché, a affirmé AT&T, et nous ne voyons aucune raison à ce que notre fusion soit traitée différemment.»
Time Warner possède notamment la chaîne d'information CNN, cible régulière des attaques du président américain, Donald Trump, qui la qualifie de «fake news» («faux média»).
Il avait déclaré pendant la campagne électorale qui avait mené à son élection il y a un an qu'il s'opposerait à cette opération censée créer un mastodonte, avec plus de 142 millions d'abonnés mobiles et disposant d'un catalogue de contenus recherchés dans le sport, le cinéma et les séries télévisées et prépondérant dans la vidéo en ligne.
Selon les médias états-uniens, les autorités de la concurrence américaines avaient demandé dans le cadre des discussions avec AT&T qu'il se sépare de CNN pour obtenir un feu vert à la fusion.
Son patron, Randall Stephenson, n'a pas caché son irritation lors d'une conférence de presse lundi après l'annonce des autorités de la concurrence. «Je vais évoquer la question qui est sur toutes les lèvres, a-t-il lancé. Est-ce à cause de CNN?»
AT&T ne se séparera pas de CNN
«Je ne le sais pas, mais personne ne devrait être surpris que la question revienne toujours car nous constatons un changement brutal dans l'application du droit de la concurrence, a-t-il estimé. Nous ne serons partie d'aucun accord qui donnerait l'idée que nous compromettons les droits de la protection de la presse inscrits dans le premier amendement» de la Constitution, a ajouté Randall Stephenson.
«Tout accord qui résulterait dans l'abandon de nos droits sur CNN, de manière directe ou indirecte, ne vaut même pas la peine d'être discuté […]. Nous n'avons pas l'intention de nous raviser et nous allons gagner», a-t-il encore affirmé.
Le paysage américain des télécoms et des médias est en pleine recomposition face aux changements des habitudes des consommateurs, qui s'éloignent de la télévision pour privilégier des services comme Netflix, Amazon.com, Hulu et Apple TV.
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