Dans l’attente du sous-marin disparu
Plus les recherches s’étendent, plus les chances de retrouver le bâtiment disparu depuis une semaine dans l’Atlantique Sud s’amenuisent. Jeudi, on annonçait que les bruits enregistrés lundi correspondaient à une explosion
On avait suspecté la présence d’un autre triangle des Bermudes. Au large des côtes argentines, les sous-marins disparaissent. Les espoirs aussi. Avant que l’information soit de nouveau démentie, jeudi matin, le sous-marin ARA San Juan avait été localisé par un navire de l’US Navy. C’est le Daily Mail qui le disait, tirant son information d’une dépêche en provenance de l’agence de presse Reuters. Ce n’était en fait qu’un objet flottant, trouvé dans la zone de recherche par un avion américain.
Huit jours. Voilà huit jours que le sous-marin argentin et ses 44 membres d’équipage ont disparu. Dans la presse, on tente de réunir les informations, on évoque les pistes. Et le constat demeure obscur. Car en une semaine, la seule information qui demeure incontestable est l’heure et la date du dernier message reçu: mercredi 15 novembre, vers 7h30, heure locale.
Depuis, malgré l’intensification des recherches, les 4000 personnes de huit nationalités différentes mobilisées, les 10 avions et les 14 navires, rien n’a avancé. Pire encore: après un quadrillage minutieux, la zone de recherche, initialement de 300 kilomètres de diamètre, a été étendue à une zone de 1000 kilomètres de long du nord au sud et de 500 kilomètres d’est en ouest, soit une surface égale à celle de la France.
Parmi les messages de soutien destinés aux familles, certaines voix se font amères sur Twitter. Parisly s’interroge: «Ils doivent donc venir d’autres pays et passer plus d’une semaine afin de finalement dire que [le sous-marin] est au même endroit???» Son questionnement est partagé par les familles qui attendent au pied d’un grillage sur la base navale de Mar del Plata, à 400 kilomètres au sud de Buenos Aires, que leurs proches reviennent enfin. Les jours passant, leurs espoirs se sont transformés en colère. «Cela paraît incroyable qu’avec autant d’aide internationale, autant de technologie et de moyens, on ne puisse déceler aucun signe de vie», témoigne une femme devant les caméras.
L’attente est beaucoup trop longue. D’autant plus que la phase critique qu’évoquent les spécialistes est déjà entamée depuis mercredi, les réserves d’oxygène étant en théorie épuisées en sept jours. Dès lors, les paroles rassurantes ont changé de ton. Sur Twitter, Tito somme le président argentin Mauricio Macri de prendre les devants: «Veuillez s’il vous plaît relever immédiatement le capitaine Baldi [le porte-parole de la Marine] et tous ses hommes de main de leurs fonctions. Sans cela, jamais nous ne saurons où il est, ni ce qui est arrivé au sous-marin ARA San Juan. Il s’agit là d’une immense gaffe internationale.» Un autre internaute rappelle à la communauté Twitter: «N’oublie pas qu’en 2011, plus de 100 millions de dollars ont été gaspillés pour rénover le sous-marin et que Cristina [Fernandez de Kirchner] a déclaré qu’il serait encore utile pendant trente ans.»
S’il y a bien une personne que les Argentins vilipendent, c’est l’ancienne présidente du pays. Son sourire radieux affiché sur des photos de l’inauguration du navire en 2011 contraste avec l’actualité pénible du moment. En les publiant, les internautes du pays s’interrogent. A quoi ces réparations ont-elles servi? Et pourquoi le submersible n’a-t-il pas lâché de balise? Pourquoi diable aussi ne sort-il pas de l’eau?
Dans la journée de jeudi, la seule piste résidait alors dans l’identification de ces bruits perçus lundi matin. «Aujourd’hui pourrait être un jour de mauvaises nouvelles», avait présagé @luigi_1610. En fin d’après-midi, une information était lâchée. «Le sous-marin a explosé», communiquait le portail d’info Urgente24.com. ▅