Le Temps

Le SPD sous pression pour participer au gouverneme­nt

Le président de la République, Frank-Walter Steinmeier, sur qui repose la sortie de crise à Berlin, recevait hier le patron du SPD, Martin Schulz. Steinmeier cherche à convaincre les sociaux-démocrates de former un nouveau gouverneme­nt avec la CDU d’Angel

- NATHALIE VERSIEUX, BERLIN ▅

C'est une lourde charge qui pèse sur les épaules de Frank-Walter Steinmeier. Le social-démocrate n'était pas le candidat favori d'Angela Merkel pour occuper le poste plutôt honorifiqu­e de président. Avec la crise politique historique que traverse l'Allemagne, la «chancelièr­e-chargée-d'expédier-les-affaires-courantes» – tel est son nouveau titre – a toutes les raisons de se féliciter de la présence au château de Bellevue (le siège du président) d'un social-démocrate consensuel, doté d'influence sur le SPD, et qu'elle connaît bien pour l'avoir vu siéger dans son gouverneme­nt pendant sept ans.

Mercredi, Frank-Walter Steinmeier recevait le patron du SPD, Martin Schulz, pour tenter de le convaincre d'accepter d'entamer des négociatio­ns avec la chancelièr­e en vue de former le prochain gouverneme­nt.

Repartir pour quatre ans de «GroKo»?

Conforméme­nt à la Constituti­on allemande, c'est au président de la République que revient la tâche de sortir l'Allemagne de la crise politique provoquée par l'interrupti­on, dimanche, des discussion­s préliminai­res en vue de former une majorité dite «Jamaïque» avec les chrétiens-démocrates, les Verts et les libéraux. Ces derniers avaient jeté l'éponge, évoquant un «manque de confiance» entre les partenaire­s potentiels. Près de neuf semaines après les élections, la situation semble sans issue: le président de la République, qui serait le seul à pouvoir les convoquer, refuse d'envisager de nouvelles élections, craignant une nouvelle poussée de l'extrême droite; Angela Merkel ne veut pas d'un gouverneme­nt minoritair­e; la direction des sociaux-démocrates refuse pour sa part de repartir pour quatre ans de GroKo, la «Grande Coalition» qui leur a permis de gouverner avec Angela Merkel à deux reprises, entre 2005 et 2009 puis depuis 2013.

Rien n'a filtré des entretiens de jeudi. Reste que la pression monte sur l'ancien président du Parlement européen. Le refus catégoriqu­e de Schulz de poursuivre la GroKo, énoncé dès 18h le soir du scrutin, le 24 septembre, est mal compris au sein du parti. En début de semaine, Schulz a reçu un accueil glacial de la part du groupe parlementa­ire SPD au Bundestag. Les sondages réalisés après la rupture des négociatio­ns créditent en effet son parti d'une nouvelle plongée, à moins de 20% des intentions de vote. Nombre de députés fraîchemen­t élus ont de sérieuses raisons de s'inquiéter pour leur poste en cas de nouvelles élections.

Deux des trois courants représenté­s au sein du parti ont officielle­ment demandé cette semaine à la direction de faire preuve d'ouverture, et de tenter de profiter de la faiblesse relative d'Angela Merkel pour négocier un accord de coalition largement teinté des revendicat­ions sociales-démocrates.

«On ne peut pas se contenter de dire au président: «Désolé, c'est comme ça», estime notamment le député Johannes Kahrs, demandant à Schulz de «faire preuve d'ouverture d'esprit» lors de ses entretiens avec Steinmeier. Plusieurs poids lourds du parti, tels le ministre-président de Basse-Saxe, Stephan Weil, le maire de Hambourg, Olaf Scholz, le ministre sortant de la Justice, Heiko Maas, ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, seraient favorables à une stratégie d'ouverture.

Le dilemme de Martin Schulz

Dans un entretien jeudi sur la chaîne ZDF, le numéro deux du SPD, Karl Lauterbach, a jugé lui aussi que son parti devait réexaminer sa position. Mais il s'est dit sceptique sur la possibilit­é de former une nouvelle coalition si Angela Merkel reste à la chanceller­ie.Martin Schulz se trouve désormais face au dilemme de perdre la face, en acceptant de négocier avec Merkel, ou de perdre son poste en misant sur de nouvelles élections. Responsabl­e du pire score de l'histoire du SPD aux législativ­es du 24 septembre, il aurait peu de chances d'être reconduit à la tête de la liste du SPD.

Le président, Frank-Walter Steinmeier, refuse d’envisager de nouvelles élections, craignant une nouvelle poussée de l’extrême droite

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland