Le Temps

Claude-Inga Barbey, du baume de Noël sur les blessures

- MARIE-PIERRE GENECAND Agatha Christie, Christmas Pudding,

Dans «Christmas Pudding», la comédienne prend les traits d’Agatha Christie pour panser les plaies. Savoureux. A découvrir au Théâtre Saint-Gervais, à Genève

Claude-Inga Barbey est étonnante. D’un côté, elle peut avoir 125 ans de désenchant­ement, peignant des renoncemen­ts amoureux «qui fichent la chiale», comme dit joliment un de ses admirateur­s. De l’autre, elle a 7 ans d’émerveille­ment, troussant des récits scintillan­ts comme un ciel étoilé. Après Femme sauvée par un tableau, qui appartient à la première catégorie, la comédienne livre Agatha Christie, Christmas Pudding, une friandise de Noël qui parle aussi d’abandon, mais qui cultive une malice qui la situe dans le second camp.

Au Théâtre Saint-Gervais, à Genève, Claude-Inga est , chaque fois, accompagné­e par son alter ego, Doris Ittig, et le duo fait bingo.

On l’a observé dans Laverie Paradis, création sur la foi du même tandem: Claude-Inga Barbey a une science innée des accents. Espagnol, jurassien, suisse-allemand, l’artiste peut tout faire en la matière. Elle se glisse ainsi dans la peau d’Agatha Christie, tailleur pied-de-poule et perruque improbable, et raconte façon British les raisons de «sa» disparitio­n. Car, oui, le 3 décembre 1926, bouleversé­e par la mort de sa mère et l’adultère de son mari, l’auteure a disparu pendant douze jours, mettant à cran les polices et les médias du pays. On l’a retrouvée dans un hôtel de la côte où elle s’était inscrite sous l’identité de la maîtresse...

L’amertume, ce poison…

Dans Christmas Pudding, ClaudeInga Barbey répare ce gap de l’histoire. Elle ressuscite sous les traits d’Agatha dans une bibliothèq­ue de quartier et dévoile à une brave dame, que son mari vient aussi de quitter, pourquoi elle s’est volatilisé­e. Doris Ittig est parfaite en Louise larguée et les deux drôles cuisinent les déveines relationne­lles façon cake anglais. Savoureux.

A propos, savez-vous ce qu’est l’amertume, selon Agatha-ClaudeInga? «L’amertume, dit-elle, c’est comme de prendre du poison et espérer que l’autre en meure…» Autrement dit, quand on a du chagrin, mieux vaut passer à autre chose de plus gai. C’est sage et doux comme un biscuit de Noël.

jusqu’au 2 décembre, Saint-Gervais. www.saintgerva­is.ch

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