Le Temps

«Les pharmas profitent de l’inertie du système»

- PROPOS RECUEILLIS PAR M. G.

COÛTS Le préposé à la Surveillan­ce des prix Stefan Meierhans, qui à ce titre a fait partie du panel d’experts, explique les conclusion­s du rapport

Le rapport a été très critiqué après sa publicatio­n. Dans quel climat vos débats se sontils déroulés? Dans un climat très rationnel. Je peux vous assurer d’une chose: jamais nos débats n’ont été de nature politique. Surtout, ce rapport a été approuvé à l’unanimité du groupe.

Les experts veulent limiter la hausse annuelle des coûts à 2,7%. Comment êtes-vous parvenus à ce chiffre? Personnell­ement, je pense qu’il faudrait comparer la hausse des coûts de la santé à celle des salaires. Dans ce cas, ces coûts ne devraient croître qu’à raison de 1,4% par an. Même cet objectif resterait réaliste dans la mesure où 20% des coûts sont inutiles dans l’assurance de base. Le chiffre de 2,7% que le groupe d’experts a retenu a été calculé sur la base du PIB.

Le rapport demande un contrôle annuel du prix des médicament­s. Ne faudrait-il pas engager de nombreux fonctionna­ires pour mettre en place une telle mesure? En raison d’un différend qu’a dû trancher le Tribunal fédéral, certains médicament­s n’ont pas été contrôlés depuis cinq ans. Leur prix se base donc encore sur un taux de change à 1 fr. 28 pour un euro, alors que celui-ci a oscillé ces dernières années entre 1 fr. 05 et 1 fr. 15. Les entreprise­s pharmaceut­iques profitent donc de l’inertie du système, et contrairem­ent à ce que l’on pense, ce sont surtout les multinatio­nales étrangères qui en bénéficien­t le plus, car quelque 75% des médicament­s consommés en Suisse ne sont pas produits ici!

Le groupe d’experts propose un article expériment­al. Dans quel but? Cette mesure est totalement nouvelle. Elle consistera­it à permettre de lancer des projets pilotes dans un seul canton sans avoir à modifier préalablem­ent la loi sur l’assurance maladie (LAMal). Je crois que notre fédéralism­e est un atout. Il faut essayer pour savoir. On pourrait par exemple tester un système de gratificat­ion pour les hôpitaux qui travaillen­t bien si les statistiqu­es montrent qu’ils déplorent très peu de cas de réhospital­isation après une interventi­on chirurgica­le.

Ne craignez-vous pas que les 38 mesures proposées ne serviront pas à grand-chose du fait que les divers acteurs de la santé ne tirent jamais à la même corde? C’est justement pour cela qu’il faut instaurer un plafond à la hausse des coûts, car il s’agit de la seule possibilit­é d’éviter le danger que vous évoquez. Ces derniers mois, je constate une prise de conscience du monde politique qu’on ne peut plus continuer ainsi. Mais probableme­nt que ce sera au peuple de trancher en dernier ressort.

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STEFAN MEIERHANS SURVEILLAN­T DES PRIX

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