A Genève, un bras de fer entre l’Etat et ses employés
Les syndicats des fonctionnaires ont annoncé une grève lundi après-midi pour défendre leurs salaires et retraites. François Longchamp, président du Conseil d'Etat, réagit
«Nous regrettons ce débrayage. Mais nous ne pouvons pas accéder à la demande de retrait pur et simple des trois projets de loi.» François Longchamp, président du Conseil d'Etat genevois a réagi ainsi à l'annonce de la grève des fonctionnaires, fixée à lundi prochain, dès 14 heures. Le Cartel intersyndical a fait voter cette mesure lors de l'assemblée générale qui s'est déroulée mardi soir.
Cette décision est une sanction envers le gouvernement genevois qui refuse de retirer des projets clés de la législature en cours: la réforme de la grille salariale à l'Etat (Score), le renflouement de la caisse de pension des fonctionnaires (CPEG), deux éléments très importants du budget 2018, présenté sous forme de projet de loi au parlement, les 14 et 15 décembre prochains. «C'est désormais au Grand Conseil de débattre, dit François Longchamp. Concernant la CPEG, le peuple sera certainement appelé à se prononcer. L'état de cette caisse représente actuellement un gros souci en raison de la baisse des taux d'intérêts et des taux techniques.»
Lorsqu'il a annoncé que les onze associations qu'il représente avaient voté la grève, le président du Cartel syndical, Marc Simeth, a accusé le Conseil d'Etat d'être «sourd» aux revendications syndicales. «Il ne daigne même pas accuser réception des lettres que nous lui faisons parvenir», a-t-il précisé.
«Je m'étonne que le président du Cartel s'attaque à la forme pour cacher probablement un problème de fond», répond François Longchamp. Les échanges entre une délégation du Conseil d'Etat et les membres du Cartel sont réguliers. «La dernière réunion a eu lieu le 20 novembre. Ils connaissent parfaitement nos réponses à leurs questions», assure l'élu PLR. La missive à laquelle Marc Simeth fait allusion a été envoyée le lendemain de cette rencontre, soit le 21 novembre.
«On va se compter»
«Lundi, on va se compter», résume le président du Cartel. L'enjeu, c'est l'ampleur de la mobilisation. En 2015, les fonctionnaires avaient fait grève pendant sept jours. La manifestation la plus suivie avait réuni 10000 personnes. Deux ans plus tard, ce sont les mêmes sujets qui fâchent: la réforme de la grille salariale (Score) et celle de la caisse de retraite (CPEG). Le projet de nouvelle grille des salaires, «c'est le début du salaire au mérite, prévient Marc Simeth. Un système où il n'existe aucune transparence».
Plus largement, le président du Cartel estime qu'avec 470 millions de francs d'économies à l'Etat depuis le début de la législature, les fonctionnaires ont fait leur part du travail pour alléger une dette cantonale dont il se refuse, comme représentant des fonctionnaires, à endosser la responsabilité. Concernant la caisse de retraite, «ce que propose le gouvernement, en contrepartie de l'abandon du système de primauté des prestations, est inacceptable», reprend-il. «Nous le lui avons dit et nos revendications ont été formulées en 12 points. Qu'attend-il pour négocier avec nous?»
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«Le président du cartel s’attaque à la forme pour cacher probablement un problème de fond» FRANÇOIS LONGCHAMP