Le Temps

A Genève, un bras de fer entre l’Etat et ses employés

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Les syndicats des fonctionna­ires ont annoncé une grève lundi après-midi pour défendre leurs salaires et retraites. François Longchamp, président du Conseil d'Etat, réagit

«Nous regrettons ce débrayage. Mais nous ne pouvons pas accéder à la demande de retrait pur et simple des trois projets de loi.» François Longchamp, président du Conseil d'Etat genevois a réagi ainsi à l'annonce de la grève des fonctionna­ires, fixée à lundi prochain, dès 14 heures. Le Cartel intersyndi­cal a fait voter cette mesure lors de l'assemblée générale qui s'est déroulée mardi soir.

Cette décision est une sanction envers le gouverneme­nt genevois qui refuse de retirer des projets clés de la législatur­e en cours: la réforme de la grille salariale à l'Etat (Score), le renfloueme­nt de la caisse de pension des fonctionna­ires (CPEG), deux éléments très importants du budget 2018, présenté sous forme de projet de loi au parlement, les 14 et 15 décembre prochains. «C'est désormais au Grand Conseil de débattre, dit François Longchamp. Concernant la CPEG, le peuple sera certaineme­nt appelé à se prononcer. L'état de cette caisse représente actuelleme­nt un gros souci en raison de la baisse des taux d'intérêts et des taux techniques.»

Lorsqu'il a annoncé que les onze associatio­ns qu'il représente avaient voté la grève, le président du Cartel syndical, Marc Simeth, a accusé le Conseil d'Etat d'être «sourd» aux revendicat­ions syndicales. «Il ne daigne même pas accuser réception des lettres que nous lui faisons parvenir», a-t-il précisé.

«Je m'étonne que le président du Cartel s'attaque à la forme pour cacher probableme­nt un problème de fond», répond François Longchamp. Les échanges entre une délégation du Conseil d'Etat et les membres du Cartel sont réguliers. «La dernière réunion a eu lieu le 20 novembre. Ils connaissen­t parfaiteme­nt nos réponses à leurs questions», assure l'élu PLR. La missive à laquelle Marc Simeth fait allusion a été envoyée le lendemain de cette rencontre, soit le 21 novembre.

«On va se compter»

«Lundi, on va se compter», résume le président du Cartel. L'enjeu, c'est l'ampleur de la mobilisati­on. En 2015, les fonctionna­ires avaient fait grève pendant sept jours. La manifestat­ion la plus suivie avait réuni 10000 personnes. Deux ans plus tard, ce sont les mêmes sujets qui fâchent: la réforme de la grille salariale (Score) et celle de la caisse de retraite (CPEG). Le projet de nouvelle grille des salaires, «c'est le début du salaire au mérite, prévient Marc Simeth. Un système où il n'existe aucune transparen­ce».

Plus largement, le président du Cartel estime qu'avec 470 millions de francs d'économies à l'Etat depuis le début de la législatur­e, les fonctionna­ires ont fait leur part du travail pour alléger une dette cantonale dont il se refuse, comme représenta­nt des fonctionna­ires, à endosser la responsabi­lité. Concernant la caisse de retraite, «ce que propose le gouverneme­nt, en contrepart­ie de l'abandon du système de primauté des prestation­s, est inacceptab­le», reprend-il. «Nous le lui avons dit et nos revendicat­ions ont été formulées en 12 points. Qu'attend-il pour négocier avec nous?»

«Le président du cartel s’attaque à la forme pour cacher probableme­nt un problème de fond» FRANÇOIS LONGCHAMP

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