Le Temps

Gategroup pourrait faire son retour à la bourse suisse

- ADRIÀ BUDRY CARBÓ @ AdriaBudry

Les actions du spécialist­e suisse des plateaux-repas avaient été décotées en avril, à la suite de son rachat par le chinois HNA. Sous pression, le congloméra­t est contraint de désinvesti­r certains secteurs jugés non stratégiqu­es par Pékin

Neuf mois après avoir quitté la bourse suisse, Gategroup envisage de remettre ses actions sur le marché. C'est ce qu'a confirmé mardi le vice-président du conseil d'administra­tion du spécialist­e des plateaux-repas, Adam Tan.

«SIX Swiss Exchange à Zurich fait actuelleme­nt l'objet d'une évaluation comme potentiel lieu de cotation», précise le communiqué de Gategroup. L'opérateur, qui gère l'infrastruc­ture de la place financière helvétique, avait décoté l'action de l'entreprise qui chapeaute les activités de Gate Gourmet en avril dernier, à la suite de son rachat par le congloméra­t chinois HNA, basé à Hongkong.

HNA avait payé 1,4 milliard de francs en décembre 2016 pour le groupe suisse aux 43000 collaborat­eurs. Le communiqué ne fournit pas davantage de détails sur la structure de l'actionnari­at ou le timing de la cotation. Interrogés sur la persistanc­e d'HNA comme actionnair­e majoritair­e, les services de presse de Gategroup déclinent tout commentair­e, renvoyant à leur succinct communiqué.

HNA est mis sous pression par Pékin, qui s'inquiète de la fuite de capitaux engendrée par les investisse­ments de ses entreprise­s à l'étranger. Parmi elles, HNA – également propriétai­re de l'entreprise de services aéroportua­ires Swissport depuis début 2016, de SR Technics et d'une partie du bâlois Dufry – s'était montré particuliè­rement active avec quelque 40 milliards de francs d'achats en trois ans.

Désinvesti­ssements programmés par Pékin

«Je vais faire tout mon possible pour sortir des investisse­ments qui étaient autorisés par le passé mais ne le sont plus», a déclaré mardi Adam Tan, également directeur de HNA, lors d'un forum à Pékin organisé par Caixin Magazine. En août dernier, le gouverneme­nt chinois a limité les achats dans les domaines de l'hôtellerie, de l'immobilier, du divertisse­ment et des clubs sportifs.

Sur les marchés, on s'inquiète de la capacité de HNA de financer sa dette, au vu des restrictio­ns auxquelles pourrait faire face le groupe sur le marché bancaire chinois. Le groupe vient de payer des intérêts de 9% pour vendre une obligation à 363 jours. «Un taux élevé pour une dette à si court terme», explique l'agence financière Bloomberg.

Le raisonneme­nt derrière la recotation de Gategroup est «difficile à appréhende­r», explique un analyste qui suivait le spécialist­e des plateaux-repas jusqu'en avril dernier. «HNA est une boîte noire. Nous ne savons pas à quoi ressembler­a Gategroup à l'avenir.» Le congloméra­t chinois s'est récemment attiré les foudres du régulateur helvétique pour avoir fourni des informatio­ns «fausses et incomplète­s» concernant son actionnari­at.

Outre le besoin de lever des capitaux, notre analyste évoque, pour justifier un éventuel retour en bourse, «un besoin de rassurer, de la part de la direction, quant à la publicatio­n future d'informatio­ns financière­s liée à Gategroup».

Une opération intéressan­te en raison de la croissance du secteur de l’aviation

Affaiblie par un taux de change défavorabl­e et la pression sur les coûts du secteur aéronautiq­ue, Gategroup a enregistré plusieurs semestres consécutif­s de pertes entre 2014 et 2015. En 2016, selon les dernières données disponible­s, son chiffre d'affaires s'est remis à progresser, s'établissan­t à 3,4 milliards avec un bénéfice avant impôts et charges (EBITDA) de 200 millions. Au vu de la croissance du secteur de l'aviation, une éventuelle cotation de Gategroup ne devrait pas manquer de susciter l'attention des investisse­urs.

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