Bienvenue à Suburbicon
Au mitan des insouciantes fifties, Suburbicon, avec ses théories de home sweet home posées sur des pelouses impeccablement tondues, se pose en capitale du rêve américain. Hélas! une fausse note se fait entendre dans ce havre de bon goût et de consumérisme suave: de nouveaux résidents emménagent. Et ils sont… Noirs! Cette intrusion met la communauté en émoi. Un malheur n’arrivant jamais seul, des bandits cambriolent la maison de Gardner Lodge (Matt Damon), expert-comptable. Sa femme Rose (Julianne Moore) décède des suites de l’agression. Heureusement, il peut compter sur l’aide de sa belle-soeur Margaret (Julianne Moore aussi) pour élever son fils, Nicky. Malin, le gamin s’aperçoit rapidement que la vérité est autrement complexe que les apparences ne le laissent paraître, que les adultes sont de fieffés menteurs… En s’appropriant un scénario des frères Coen, ses vieux copains, ses vieux complices, George Clooney retrouve la niaque de Good Night and Good Luck, après le faux pas de The Monuments Men. D’une drôlerie féroce,
Bienvenue à Suburbicon dissèque cruellement la mythologie de l’Amérique blanche des années 1950. La déferlante de racisme tonitruant (les voisins jouent du tambour toute la journée devant la maison de la famille afro-américaine) s’accompagne d’une plongée peu ragoûtante dans la psyché d’un wasp, avec ses petites frustrations, ses petites perversions et sa cupidité sans bornes. Un personnage de crétin amoral dont les plans tournent à la catastrophe comme les Coen savent si bien les imaginer – qu’on se souvienne du minus de
Fargo. Tout ceci est affreusement jubilatoire!
COMÉDIE DRAMATIQUE DE GEORGE CLOONEY. SORTIE ME 6.