Le Temps

«Pour une cellule de soutien»

- CONSEILLÈR­E NATIONALE (PVL/BE) PROPOS RECUEILLIS PAR M. G.

Coprésiden­te d’Alliance F, un organisme regroupant toutes les sociétés féminines suisses, Kathrin Bertschy réclame une aide profession­nelle pour les femmes à Berne

Cette affaire vous surprend-elle? Non, car le sexisme est un problème que nous connaisson­s malheureus­ement partout dans la société. Par conséquent, qu’une affaire éclate au parlement ne me surprend pas. Je ne veux pas me prononcer sur le volet valaisan de l’affaire concernant Yannick Buttet. En revanche, si les faits que lui reprochent plusieurs de mes collègues sont avérés, alors un tel comporteme­nt est inacceptab­le et il devra en tirer les conséquenc­es.

Doit-on attendre du parlement un comporteme­nt plus exemplaire que celui de la société? J’attends un comporteme­nt respectueu­x de tous les hommes de la société en général. Nous vivons encore, en Suisse aussi, dans un patriarcat qui ne dit pas son nom. Les droits des femmes ne sont toujours pas respectés ni pris au sérieux. Quant au parlement, il est le miroir de la société. Il n’est ni meilleur, ni pire.

Pourquoi sous la Coupole tous les témoignage­s restent-ils anonymes, alors que la parole des femmes s’est libérée dans la société? Je ne sais pas quelle est la gravité des actes de harcèlemen­t sexuel commis au parlement. Mais une femme élue est une personne publique qui risque sa carrière autant que celle du harceleur en dénonçant ses actes. Il faut comprendre qu’elle réfléchiss­e avant de s’exprimer publiqueme­nt.

Vous proposez de créer une cellule de soutien pour les femmes du parlement. Qu’apporterai­t-elle? De manière générale, les femmes sont plus exposées que les hommes en politique. Elles font l’objet d’insultes et même de menaces, que ce soit sur les réseaux sociaux ou par courrier électroniq­ue. Il leur est difficile d’aller à la police pour parler d’une affaire de stalking et se retrouver face à un agent qui ne saura guère comment l’aider. Nous avons donc besoin d’une cellule profession­nelle où nous pourrions nous exprimer en toute confiance et confidenti­alité. Nous nous sentirions ainsi mieux protégées. En fin de compte, cela renforcera­it les institutio­ns.

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KATHRIN BERTSCHY

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