Le Temps

L’effet Macron à l’oeuvre en Afrique

- RICHARD WERLY, BANGUI @LTwerly

TOURNÉE Il a suffi d’une plaisanter­ie à Ouagadougo­u pour que le chef de l’Etat français confirme le succès populaire de sa tournée africaine

Dès son arrivée à Ouagadougo­u mardi, Emmanuel Macron avait su mettre la jeunesse de son côté en parlant entreprise, partenaria­t rénové et économie numérique. C'est un autre moment de son interventi­on à l'université de la capitale burkinabé qui demeurera, toutefois, comme le symbole de sa première tournée réussie en Afrique, achevée hier au Ghana après le sommet UE-Afrique d'Abidjan, en Côte d'Ivoire.

Climatisat­ion

Plaisantan­t sur une panne de climatisat­ion des lieux et affirmant que l'entretien de l'air conditionn­é et l'approvisio­nnement en électricit­é incombaien­t à son homologue, Roch Christian Kaboré, le président français a mis le public de son côté et joué un bon tour à la presse. Voyant le chef de l'Etat du Burkina Faso quitter les lieux suite à cette interpella­tion indirecte, les journalist­es avaient aussitôt évoqué un incident diplomatiq­ue. Erreur: vérificati­on faite, ce dernier s'était juste absenté pour aller aux toilettes, se prêtant ensuite de bonne grâce aux critiques sur l'entretien défaillant des infrastruc­tures. Une illustrati­on, selon l'entourage du locataire de l'Elysée, du décalage entre les attentes réelles des nouvelles génération­s africaines et la propension des élites politiques et médiatique­s à envenimer les situations pour rien: «Macron a remporté une manche, explique, à Bangui, l'ancien ministre de la Communicat­ion centrafric­ain Prosper Ndouba. Les Africains savent que beaucoup de ces promesses ne seront pas tenues. Mais les jeunes aiment sa manière de rompre avec les habitudes compassées de ses prédécesse­urs. Son style direct plaît…»

Partenaria­t économique

L'autre acquis de la visite présidenti­elle est l'insistance sur le partenaria­t économique. Certes, Emmanuel Macron a, comme prévu, évoqué à Abidjan le coût du déploiemen­t militaire de la future force d'interventi­on du G5 Sahel, dont il espère que ses partenaire­s européens accepteron­t de payer la facture. Le chef de l'Etat français a aussi, dans un long entretien accordé à France 24 et à Radio France internatio­nale, dénoncé comme des «crimes contre l'humanité» les ventes de migrants esclaves en Libye, récemment filmées par la chaîne américaine CNN. Mais l'essentiel de son message était ailleurs: dans sa mise en avant d'une France désormais plus intéressée par la recherche d'opportunit­és que par le souvenir de sa puissance coloniale. Une stratégie illustrée par le choix du Ghana anglophone comme dernière étape: «La jeunesse européenne veut s'investir en Afrique sans s'encombrer de la lourdeur du passé», a expliqué Emmanuel Macron à Abidjan. Annonce réussie. Reste à la mettre «en marche»…

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