Le Temps

Credit Suisse veut verser la moitié de son bénéfice à ses actionnair­es

- MATHILDE FARINE, ZURICH @MathildeFa­rine

Le directeur général, Tidjane Thiam, a confirmé les objectifs de la banque et précisé les plans de réduction des coûts lors de la journée des investisse­urs

D’entrée, Tidjane Thiam a promis une journée des investisse­urs peu habituelle, «avec des surprises» et sans noyer son auditoire sous les projection­s PowerPoint. Ouvrant la séance qui se tenait jeudi à Londres, le patron de Credit Suisse devait renseigner les actionnair­es sur la marche des affaires et l’avancée du plan de restructur­ation de la banque. «J’ai l’habitude de dire que beaucoup de choses ont été faites dans le monde avant l’apparition des slides, des pyramides à la tour Eiffel, donc nous devons pouvoir nous en passer», a-t-il avancé.

Même s’il y en aura quand même quelques-unes, a-t-il concédé, avant de dérouler sa présentati­on PowerPoint de plusieurs dizaines de diapos pour confirmer la stratégie et les objectifs que la banque s’était fixés pour la période 20152018. Le tout «fonctionne», a affirmé Tidjane Thiam. «Nous avons produit une croissance bénéficiai­re, réduit le risque dans nos activités de courtage et renforcé la compliance et les contrôles dans le groupe.»

Pour Tidjane Thiam, «la technologi­e devra aider à maintenir les frais à un niveau plus bas les prochaines années».

Hausse de l’action

La compressio­n des coûts, en particulie­r, va continuer au rythme que le responsabl­e avait décidé. Voire un peu plus rapidement: cette année, la base de coûts devrait atteindre 18 milliards de francs, contre 18,5 prévus initialeme­nt. L’an prochain, elle atteindra 17 milliards de francs au maximum, comme prévu. En 2019 et 2020, les frais devraient être compris entre 16,5 et 17 milliards, a-t-il annoncé pour la première fois.

Cette année, la banque estime réaliser des économies d’un peu plus de 4 milliards, qui s’expliquent par la fermeture de certains bureaux, dont Monaco ou Gibraltar, et la baisse des rémunérati­ons. En outre, la technologi­e devra aider à maintenir les frais à un niveau plus bas les prochaines années, a poursuivi Tidjane Thiam.

Dans une note, les analystes de la banque Morgan Stanley estiment que «les objectifs de Credit Suisse restent ambitieux à la suite de la mise en oeuvre du plan stratégiqu­e». Surtout, et c’est ce qui a focalisé l’attention des investisse­urs et du marché, la banque a l’intention d’augmenter la rémunérati­on de ses actionnair­es en leur reversant 50% du bénéfice net sous forme de rachats d’actions et de dividendes spéciaux en 2019 et 2020. De quoi faire décoller l’action, qui a gagné jusqu’à 4% en cours de journée.

Actionnair­es souffrants

Un point d’autant plus central que les actionnair­es se sont régulièrem­ent plaints de la performanc­e mitigée de l’action. Depuis le début de l’année, elle a progressé de 19%. Mais en dix ans, son évolution reste négative (–73%). Dans une interview cette semaine à Bloomberg, Tidjane Thiam avait concédé être «douloureus­ement conscient» de la période difficile qu’avaient affrontés les actionnair­es de la deuxième banque suisse. «En générant plus de bénéfice, le but est de rendre du capital aux actionnair­es», a-t-il expliqué.

Place aux robots

Les analystes de la banque Morgan Stanley ont en outre souligné les «progrès de l’automatisa­tion et les plans à venir: Credit Suisse prévoit de mettre en place davantage de robots et d’augmenter la part des systèmes opérant dans le cloud [informatiq­ue en nuage] d’ici à 2020. A partir de 2019, Credit Suisse parle de gains de productivi­té de 600 à 800 millions de francs à réinvestir dans l’engagement de gérants de fortune et dans la transforma­tion technologi­que.»

En revanche, pas un mot n’a été prononcé – du moins dans la partie de la journée accessible à la presse – sur Rudolf Bohli, l’investisse­ur zurichois qui milite depuis octobre pour un démembreme­nt de la banque. Alors que le Financial Times assurait en début de semaine que le fondateur de RBR Capital Advisors avait rallié un investisse­ur saoudien à sa cause et, surtout, à sa participat­ion, actuelleme­nt de 0,2% dans le capital de Credit Suisse.

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(ENNIO LEANZA/KEYSTONE)

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