Le Temps

Une action des collectifs pour les sans-abri

Chassées d’une salle de gymnastiqu­e vendredi soir, des personnes en situation de précarité dénoncent le manque d’espaces d’hébergemen­t d’urgence

- CAROLINE CHRISTINAZ @Caroline_tinaz

S’ils avaient passé la nuit du 10 au 11 novembre sur la place de la Riponne auprès des sans-abri de la ville, c’était déjà pour «dénoncer une situation tendue». Selon les collectifs, entre 50 et 100 personnes dorment toutes les nuits dehors et leur nombre va croissant. Sur la page Facebook de l’événement baptisé «Sleep’Out», les initiateur­s revendique­nt: «Nous voulons des solutions concrètes d’hébergemen­t des personnes sans abri, quels que soient leur statut et leur situation.»

A leurs yeux, depuis, rien n’a changé. «Nous avons donc voulu rendre ces sans-abri visibles. Il fallait une altercatio­n», explique une membre du Collectif New Life, fraîchemen­t constitué.C’est ce qui s’est passé. Vendredi soir vers 17h, le collectif a investi une salle de gymnastiqu­e dans le quartier de GrandVenne­s, avec plus de 50 sans-abri. Et à 20h30, ils ont été évacués par une vingtaine de policiers sous les ordres de la municipali­té.

En fin de soirée, la salle de gymnastiqu­e était vide. Les sans-abri cherchaien­t un refuge. Et la Ville, une solution. Elle l’a présentée le lendemain dans un communiqué: ses différente­s structures d’hébergemen­t d’urgence offriront 50 places supplément­aires, le temps que la météo s’améliore.

Manque d’anticipati­on

«Ce n’est clairement pas suffisant», proteste le conseiller communal d’Ensemble à fauche Pierre Conscience. Son parti Solidarité­S réclame l’ouverture rapide de 150 places d’accueil supplément­aires à Lausanne. L’homme dénonce un manque d’anticipati­on de la Ville: «Avant vendredi, la municipali­té n’était pas prête.» Et la plainte que la Ville dit vouloir déposer pour violation de domicile lui reste en travers de la gorge. «C’est une honte que le droit de propriété passe avant la nécessité de prendre en charge des personnes dans le besoin. La municipali­té brille par son inaction.»

Ce n’est pas l’avis d’Oscar Tosato. Le chef du Départemen­t de la cohésion sociale précise que la Ville soutient plusieurs actions pour venir en aide aux plus démunis. Ce week-end, il a vérifié: «Vingt places étaient disponible­s, samedi soir, dans l’abri de la Vallée de la jeunesse.» Mais le socialiste constate l’augmentati­on du nombre de personnes dans le désarroi dans la capitale vaudoise. «La municipali­té veut renforcer le dispositif. L’événement de vendredi soir concerne des personnes migrantes. La solution doit donc être trouvée dans le cadre d’une loi sur les étrangers», précise-t-il. «Revendique­r le droit universel, accueillir tout le monde reflète d’un esprit d’humanité qui ne fait pas l’ombre d’une contestati­on. Toutefois, il faut savoir le gérer.» ▅

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