2017 aura été une bonne année pour la crédibilité de la BNS
La Banque nationale suisse (BNS) a été beaucoup critiquée pour sa politique monétaire non conventionnelle et d’aucuns lui prédisaient un échec certain dans sa recherche d’un affaiblissement de notre devise nationale depuis l’abandon du cours plancher. Il nous a toujours semblé que les critiques étaient souvent infondées et que, dans un monde marqué par des politiques monétaires «nouvelles», la BNS faisait un bon travail.
La récente publication du PIB pour le troisième trimestre (0,6%) est une nouvelle dont la BNS peut se réjouir, puisque les chiffres montrent une accélération conjoncturelle. Ceux qui annonçaient une inévitable récession helvétique au moment de l’abandon du cours plancher en sont pour leurs frais.
La conjoncture a ployé, mais elle n’a pas rompu
Certes, l’économie a pâti de la force de notre devise au cours des dernières années. Cependant, si la conjoncture a ployé, elle n’a pas rompu. L’accélération de la conjoncture résulte évidemment de la reprise synchronisée que 2017 nous a apportée. Toutefois, les chiffres du PIB montrent que la croissance n’est pas le seul fruit de l’extérieur. La demande domestique, l’investissement en particulier, y contribue également.
Le redressement de l’inflation qui s’est mis en place au cours des derniers trimestres constitue un autre motif de satisfaction. Eloigner la menace de déflation est certainement un point crucial dans l’appréciation de l’action de Thomas Jordan et de ses collègues. Là aussi, ils méritent un satisfecit.
Cependant, la plus grande «joie» de nos autorités monétaires est peut-être le comportement de notre devise depuis quelques mois. Ceux qui affirmaient que se battre contre la vigueur du franc était perdu d’avance doivent se mordre les doigts! Le franc se traite désormais à 1,17 contre l’euro, plus très loin du cours plancher abandonné au début de 2015. On doit saluer la constance de l’autorité monétaire, tant dans le discours que dans ses interventions répétées sur le marché, pour atteindre cet objectif.
Mission difficile
Là encore, la meilleure conjoncture mondiale et une réduction du risque politique en Europe ont certainement aidé les autorités monétaires helvétiques dans leur lutte. Est-ce à dire que l’on peut espérer voir le franc retrouver le cours plancher de 1,20 en 2018? Nous le pensons, au-delà d’une possible consolidation des gains récents de l’euro au cours des prochains mois.
Est-ce à dire que la BNS pourra considérer que sa mission est achevée? Certainement pas, car comme toutes les banques centrales ayant eu recours aux politiques non conventionnelles, elle devra gérer la sortie de ces dernières. Une mission qui ne sera pas aisée.
En revanche, Thomas Jordan et ses collègues peuvent tirer une leçon importante de leur action résolue depuis trois ans: il faut savoir maintenir le cap défini, même lorsque l’on fait face à un scepticisme très largement répandu. La crédibilité d’un institut monétaire est à ce prix. Il s’agit peut-être du point le plus important pour nos grands argentiers, dont nul ne peut plus dire qu’ils ne sont pas crédibles à l’issue de leur combat contre le franc cher!
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