Le sport universitaire, un géant américain
Beaucoup en Europe connaissent les sigles NBA, NFL ou NHL. Nettement moins nombreux sont ceux qui savent ce que NCAA veut dire et représente. Il s’agit de la National Collegiate Athletic Association, ou, si vous préférez, la Fédération sportive des universités américaines. Une organisation qui regroupe plus de 460000 étudiantsathlètes dans 1280 universités ou collèges à travers les Etats-Unis.
La NCAA doit assurer la coordination entre les institutions membres et leurs conférences ou ligues, gérer l’aspect compétition et tout ce qui touche aux règles du jeu, aux officiels, et aux calendriers de matches. Elle est aussi responsable de l’exploitation des droits commerciaux, que ce soit les droits télé, radio ou numériques et les revenus des championnats de fin de saison. Elle veille enfin à l’équilibre sport et études des athlètes et à leur développement académique.
La NCAA est un peu l’équivalent d’une autre ligue professionnelle dans l’esprit des partisans sportifs aux Etats-Unis. Le contenu est riche, les saisons sont endiablées, les audiences télé très fortes. A la très grande différence près que ce sont des étudiants non payés plutôt que des millionnaires professionnels qui sont les stars sur le terrain. C’est d’autant plus paradoxal que les revenus générés par la NCAA sont énormes. En 2016, ils se montaient à 1 milliard de dollars pour les revenus propres de l’association nationale, et à 12 milliards de dollars pour l’ensemble du sport universitaire.
Football et basketball financent 20 autres sports
Selon une étude publiée en 2016, 24 universités américaines ont dégagé plus de 100 millions de dollars de revenus annuels tirés de leurs divers programmes sportifs. C’est une énorme industrie qui influence les sphères sociale, économique et médias des Etats-Unis, et qui capte l’attention des Américains et des ligues professionnelles.
La NCAA comporte 23 disciplines, mais la très grande majorité de ses revenus proviennent de deux sports: le football américain et le basketball. Par exemple, l’Université du Texas compte 50000 étudiants et sa Faculté de sports plus de 20 disciplines, dont
Le modèle de la NCAA est très efficace pour garder les jeunes motivés par le sport de haut niveau mais également assidus aux études
les Longhorns, célèbre équipe de football, qui est la plus commercialisée du pays avec des revenus annuels de plus de 128 millions de dollars.
Dans la plupart des universités, football et basketball financent les autres programmes sportifs. Aux Etats-Unis, on accorde beaucoup d’importance à la diversité, à l’égalité et à l’opportunité. Ce n’est pas parce que des petites disciplines comme la lutte, la crosse, la natation féminine ou le soccer attirent moins le public ou ne génèrent pas beaucoup de droits commerciaux que l’on n’offrira pas des bourses équivalentes à ces étudiants. Le système est donc solidement mis en place pour réinvestir dans le sport et ainsi développer les athlètes élites de haut niveau dans toutes les disciplines.
Cela rend les universités américaines extrêmement attrayantes pour les jeunes sportifs. Le modèle de la NCAA est très efficace pour garder les jeunes motivés par le sport de haut niveau mais également assidus aux études. Pour beaucoup d’étudiants issus de milieux modestes, décrocher une bourse d’étude grâce à leurs talents athlétiques est la seule chance de pouvoir «s’offrir» l’université, payante aux Etats-Unis (entre 25000 et 60 000 dollars par année).
Une bourse vaut 300 000 dollars
Les meilleurs étudiants-athlètes évoluant dans les écoles secondaires aux Etats-Unis, au Canada et même désormais en Asie et en Europe, aspirent à réussir sur les deux tableaux (scolaire et sportif) afin de recevoir l’une de ces bourses. Elles incluent les frais de scolarité, de logement, les repas et l’équipement sportif pour quatre années d’études menant à la graduation. Tous ces avantages valent approximativement une somme totale de 300 000 dollars. Chaque équipe de football en finance 85, chaque équipe de basketball 13.
Des milliers d’étudiants-athlètes rejoignent annuellement les rangs de la NCAA. Ils y trouvent des institutions académiques dévouées et engagées dans leurs programmes sportifs. Les universités misent beaucoup sur le prestige de leurs équipes et investissent des millions de dollars en infrastructures et en salaires pour embaucher les meilleurs directeurs techniques, les meilleurs entraîneurs. Tout ceci par un recrutement très agressif dans le but de gagner. Régulièrement, des scandales éclatent autour de cadeaux illicites (sommes d’argent ou avantages en nature) offerts aux potentielles recrues.
Celles-ci ne doivent recevoir pour «salaire» que l’assurance de bénéficier de parfaites conditions d’entraînement au contact des meilleurs joueurs et coaches, de pouvoir poursuivre leur rêve de rejoindre un jour l’élite professionnelle du pays, et si cela ne marche pas, de sortir avec un diplôme universitaire.
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