Genève sur la voie des bus électriques
ABB a réussi son pari: livrer, en première mondiale, ses bus TOSA et l’infrastructure de charge qui va avec, malgré un arrêt de travail de plusieurs jours sur son site du bout du Léman. Le groupe zurichois, en dépit de sa restructuration en cours, assure
C'est le premier bus articulé de grande capacité entièrement électrique au monde. Son concepteur, la multinationale ABB, répète à l'envi qu'il s'agit d'un modèle dernier cri 100% genevois. Nom de code de cette innovation, née d'un partenariat public-privé: TOSA, pour «Trolleybus Optimisation Système Alimentation», un dispositif de recharge quasi instantanée, via un bras articulé installé sur le toit du véhicule et qui tète une borne à courant élevé.
Forte consolidation du secteur
L'exploitation commerciale de ce mécanisme inédit de «biberonnage» est prévue le 10 décembre prochain, sur la ligne 23 du bout du Léman, reliant Cointrin et le centre de la commune de Carouge. Le voyage inaugural de ce nouveau modèle de bus branché, «Geneva made» et qui pourrait être appelé à marquer l'histoire de la mobilité durable, s'est déroulé mardi. En présence de tous les partenaires du projet (canton, Transport publics et Services industriels genevois, etc.).
La technologie TOSA permettrait de réduire de plus de 1000 tonnes les émissions de CO2 par an. Via un budget initial de quelque 28 millions de francs, comprenant l'acquisition du matériel roulant (une flotte de 12 bus) et des infrastructures électriques (équipement embarqué, ainsi que 13 stations de recharge flash) dont le déploiement intégral est prévu courant 2018.
Pour stimuler l'investissement dans ce segment d'avenir, Genève – qui fait ici office de pionnier, ABB n'ayant que dernièrement convaincu la Ville de Nantes d'adopter TOSA –, a consenti une incitation fiscale sur les futures ventes d'ABB Sécheron concernant cette activité de pointe. Les revenus de la filiale genevoise du groupe zurichois n'ont toutefois pas encore atteint des niveaux permettant de réduire son imposition.
Pour l'heure, ABB a annoncé une lourde restructuration, touchant son site du bout du Léman. Quelque 150 emplois seraient concernés à Genève. En cause, notamment, le fait que Siemens, l'un de ses plus importants clients, fusionne avec Alstom et devienne le plus grand fournisseur de matériel ferroviaire roulant au monde, ce qui implique de se passer dorénavant d'ABB Sécheron pour ses commandes de transformateurs de traction.
La boîte à idées genevoise
«Il ne faut pas se voiler la face, ABB a décidé de supprimer des emplois industriels dans le canton, rappelle Pierre Maudet, ministre genevois chargé de l'Economie et de la sécurité. Mais cette entreprise prévoit cependant, à terme et en collaboration avec d'autres partenaires innovants de la place, d'étendre ses activités liées à la mobilité durable à Genève.»
C'est-à-dire poursuivre et construire sur le succès – à condition que ce dernier soit au rendez-vous – de TOSA. Malgré la grève de ces dernières semaines, ABB a tout de même honoré son contrat consistant à livrer les bus électriques et les dispositifs de recharge correspondants pour l'inauguration de mardi.
«Nous allons nous renforcer à Genève», assure Thierry Lassus, le nouveau directeur d'ABB Sécheron. Et ses supérieurs hiérarchiques de conclure, dans une lettre adressée au Grand Conseil genevois la veille: «ABB prévoit de continuer à produire des prototypes et des petites séries dans le secteur des transformateurs de traction au bout du Léman.»
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