Lafarge: l’ex-patron Bruno Lafont et deux cadres en garde à vue
La direction française du cimentier Lafarge savait-elle que sa filiale syrienne avait contribué au financement de l’Etat islamique? Trois responsables du groupe, dont l’ex-patron Bruno Lafont, ont été placés mercredi en garde à vue près de Paris
Bruno Lafont, l’ex-directeur général Eric Olsen (directeur des ressources humaines à l’époque des faits) et l’ex-directeur général adjoint opérationnel Christian Herrault sont entendus dans les locaux des douanes judiciaires à Ivry-sur-Seine, a-t-on appris de sources proches du dossier.
Ils ont été placés en garde à vue, a précisé une source judiciaire, et pourraient être ensuite présentés aux juges d’instruction en vue d’une éventuelle mise en examen dans ce dossier qui secoue un des leaders mondiaux du ciment, LafargeHolcim, né de la fusion du français Lafarge avec le suisse Holcim en 2015.
Vendredi, deux anciens directeurs de la filiale syrienne (Lafarge Cement Syria, LCS) et le directeur de la sûreté du groupe ont été mis en examen pour «mise en danger de la vie d’autrui» et «financement d’une entreprise terroriste».
Violation d’embargo
Pour pouvoir continuer à faire tourner son usine syrienne de Jalabiya, Lafarge est soupçonné d’avoir pactisé avec des groupes djihadistes, notamment avec l’Etat islamique: il lui aurait acheté du pétrole, en violation de l’embargo décrété par l’Union européenne en 2011, et lui aurait fait remettre de l’argent via un intermédiaire.
Les enquêteurs cherchent à savoir si la direction en France était au courant de telles pratiques. Les investigations s’attachent aussi à déterminer si le groupe a tout fait pour assurer la sécurité des employés syriens qui avaient dû s’enfuir par leurs propres moyens quand l’EI avait pris le contrôle du site en septembre 2014.