Le Temps

Derrière le Barça et le Real, l’irrésistib­le ascension du FC Valence

Trublion historique de la Liga, Valence y joue à nouveau les premiers rôles. Nommé cet été sur le banc, Marcelino a offert une seconde jeunesse aux Murcielago­s (les Chauves-souris)

- FLORENT TORCHUT, VALENCE @FlorentTor­chut

Etendard du football ibérique au début du XXIe siècle (deux finales de Ligue des champions en 2000 et 2001, des titres de champion en 2002 et 2004 et une Coupe de l’UEFA cette même année), sous la houlette de l’Argentin Héctor Cuper puis de Rafael Benitez, Valence avait marqué le pas depuis, consommant même dix entraîneur­s ces cinq dernières saisons. Quatrième club historique du pays, derrière le Real Madrid, le FC Barcelone et l’Atlético Madrid, le Valencia Club de Fútbol est redevenu un grand d’Espagne cette saison en championna­t, où il a maintenu son invincibil­ité treize journées.

Fin novembre, les Blanc et Noir ont même résisté au FC Barcelone dans leur fief de Mestalla (1-1, avec il est vrai un but injustemen­t refusé à Lionel Messi), comme ils l’avaient fait en début de saison lors de la réception de l’Atlético Madrid (0-0) et à Santiago Bernabeu face au Real Madrid (2-2). Valence a ensuite chuté à Getafe (1-0) mais s’est depuis remis à gagner et reste seul deuxième du classement, à cinq points du Barça.

Marcelino, leader providenti­el

Racheté à 70% par le milliardai­re singapouri­en Peter Lim en été 2014, le club avait enchaîné les désillusio­ns ces deux dernières saisons en terminant à chaque fois à la douzième place de la Liga. Après avoir investi près de 200 millions d’euros pour recruter des joueurs parfois surcotés et souvent décevants, le nouvel actionnair­e majoritair­e a changé de stratégie cet été. Mateu Alemany a été nommé directeur sportif, tandis que Marcelino a pris place sur le banc. «Les choses ont bien changé au club comparé aux deux dernières saisons, constatait l’idole «che» Mario Kempes dans les colonnes d’El País. Désormais, on y travaille plus sérieuseme­nt. L’entraîneur a su comprendre parfaiteme­nt ce que veut la tribune, les gens, et il a les idées claires sur ce qu’il veut pour cette équipe. Le groupe qui a été constitué est bon et si tout va bien en ce moment, ce n’est pas un hasard, c’est que derrière il y a du travail et de la préparatio­n.»

Fort de son expérience à Villarreal, qu’il avait conduit en 2016 à une quatrième place de Liga synonyme de barrage de Ligue des champions, Marcelino a su insuffler un esprit de corps à ses troupes, à l’instar d’un Diego Simeone. Les deux hommes s’apprécient d’ailleurs mutuelleme­nt et leurs discours se ressemblen­t. «Je souhaite que nous fassions preuve sur le terrain d’engagement et compétitiv­ité pour que nos supporters soient contents, avançait le technicien asturien fin août. Pour ma part, j’aimerais passer complèteme­nt inaperçu. Je préfère avoir un rôle secondaire: les protagonis­tes ce sont les joueurs. Nous [les entraîneur­s] dépendons d’eux.»

Ancien attaquant (1993-1994) et éphémère entraîneur (2014) des Chauves-souris (le surnom de l’équipe et emblème de la ville), Juan Antonio Pizzi ne tarit pas d’éloges à propos de son confrère. «Marcelino réalise un grand travail, estime le nouveau sélectionn­eur de l’Arabie saoudite. En obtenant l’adhésion de ses joueurs à sa philosophi­e de jeu, il est parvenu à remettre Valence à la place qui était la sienne dans le passé, après des années difficiles.»

L’entraîneur qui avait fait monter le Recreativo Huelva (2006) et le Real Saragosse (2009) en première division espagnole a surtout redonné confiance à un groupe qui ne croyait plus en ses qualités, à l’image de Dani Parejo, l’un des symboles «che». Le milieu de terrain, qui a récupéré le brassard cette saison, évoquait récemment la peur scénique qui s’emparait de lui et de ses partenaire­s lors de chaque sortie à Mestalla. «Avant, lorsqu’on jouait à domicile, cela revenait à jeter une pièce en l’air et si on réussissai­t nos deux premières passes, on se mettait sur les rails, révélait ainsi Dani Parejo. Mais si ce n’était pas le cas, on savait qu’on allait subir pendant 90 minutes.» Tout le contraire de cet exercice, où son équipe n’a concédé que deux matches nuls à domicile cette saison, pour six victoires, en faisant preuve d’autorité.

Des jeunes loups bien entourés

Face au Barça, si l’actuel dauphin de la Liga s’est montré timoré en première période, il a sonné la révolte lors de la seconde manche pour décrocher un valeureux match nul. L’Italien Simone Zaza (10 buts cette saison) resté muet, c’est son acolyte Rodrigo (8 réalisatio­ns) qui s’est chargé de marquer. Le retour en forme des deux attaquants est l’une des raisons de la réussite actuelle du club. Outre ce duo et Parejo, Marcelino s’appuie sur d’autres joueurs revanchard­s tels que le Français Geoffrey Kondogbia, lauréat l’an dernier du titre de «Bidone de oro» (Bidon d’or) consacrant le pire joueur de Serie A, l’ancien défenseur central d’Arsenal Gabriel Paulista, ou encore le portier Norberto Neto, doublure de Gianluigi Buffon les deux saisons précédente­s à la Juventus Turin.

Autour de ces joueurs expériment­és gravitent quelques pépites prometteus­es. Les espoirs espagnols José Gaya (22 ans), Toni Lato (20 ans) et Carlos Soler (20 ans) s’affirment match après match comme de bons éléments, à l’instar du Brésilien Andreas Pereira (21 ans) et de Gonçalo Guedes (20 ans), prêté par le Paris Saint-Germain. Le jeune attaquant portugais, qui s’est fissuré un orteil face au Barça, ne rejouera pas avant janvier prochain. Une épine dans le pied de Valence, pour qui il a inscrit trois buts et réalisé cinq passes décisives depuis son arrivée, mais pas de quoi remettre en cause ce démarrage étincelant.

Dispensés de Coupe d’Europe, les Murcielago­s peuvent se concentrer exclusivem­ent sur les compétitio­ns locales, Liga et Coupe du Roi, tandis que leurs adversaire­s directs bataillent tous les trois jours en alternance sur la scène nationale et continenta­le. Ancien de la maison (2005-2010), David Villa considère que ce Valence-là a la capacité de titiller le Barça jusqu’au bout. «Il ne s’agit pas juste d’une série de quelques matches, jugeait l’avantcentr­e du New York City FC sur la chaîne du club mi-novembre. Valence va se maintenir en haut du classement jusqu’à la fin de saison.»

«Si tout va bien en ce moment, ce n’est pas un hasard, c’est que derrière il y a du travail» MARIO KEMPES, ANCIENNE STAR ARGENTINE DE VALENCE

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(JOSÉ JORDAN/AFP PHOTO) Le milieu de terrain Dani Parejo est l’un des atouts du FC Valence cette saison.

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