Donald Trump fossoyeur de la neutralité d’Internet
Donald Trump a tué un autre héritage de la présidence Obama: la neutralité d’Internet. La Commission fédérale des communications a abrogé hier une règle qui oblige les fournisseurs d’accès internet à traiter tous les services en ligne de la même manière et sans aucune discrimination, assurant ce qu’on appelle la «neutralité du Net». Eclairage sur ce qui va changer avec ce vote historique.
Les Etats-Unis permettent désormais aux fournisseurs d’accès à Internet de décider comment, à quel prix et à quelle vitesse des données transitent sur leurs réseaux
Donald Trump est parvenu à ses fins. Jeudi après-midi, les Etats-Unis ont décrété la fin de la neutralité d'Internet sur leur sol. Comme attendu, la Commission fédérale des communications (FCC) a voté par trois voix contre deux pour abolir ce principe. Son président, Ajit Pai, adversaire de la neutralité d'Internet, avait été nommé par Donald Trump quelques jours après son élection à la Maison Blanche.
Que va changer ce vote historique? Désormais, les fournisseurs d'accès à Internet américains pourront gérer leur réseau comme ils le souhaitent. Jusqu'à présent, ils n'avaient pas le droit de discriminer des contenus externes. Cette interdiction tombe. Verizon, Comcast ou encore AT&T pourront faire comme ils le souhaitent. Ils pourront par exemple demander à un service de vidéo à la demande une taxe pour atteindre les internautes, et sinon limiter leur bande passante. Un peu comme si Swisscom ralentissait Netflix pour donner la priorité à son propre service de télévision. Les partisans de la liberté d'Internet craignent que de nouveaux services ne puissent émerger à cause de cette nouvelle loi. Une loi qui ne devrait a priori pas nuire à des géants comme Netflix, qui pourront négocier des accords avec les opérateurs.
«Restaurer la liberté d’Internet»
Pour justifier sa décision, Ajit Pai affirmait vouloir «restaurer la liberté d'Internet». Son idée: avoir une législation aussi réduite que possible et permettre aux fournisseurs d'accès de faire ce qu'ils veulent. Afin, explique-t-il, qu'ils puissent ensuite investir dans des réseaux ultra-rapides ou qu'ils étendent leur couverture à des régions périphériques.
Que feront désormais les fournisseurs d'accès américains? L'un des plus gros, Comcast, a affirmé que rien ne changerait. «Malgré des informations biaisées et malintentionnées, des attaques imprécises de la part de détracteurs, notre service internet ne changera pas», a écrit l'opérateur dans un communiqué. Ses concurrents promettent aussi de gérer leur réseau de manière ouverte et transparente. De son côté, la FCC affirme qu'il y aura de toute façon un garde-fou. Les plaintes – a priori inévitables – ne seront pas traitées par ses services, mais par la Commission fédérale de la concurrence (FTC), spécialisée dans la protection des consommateurs et les règles anti-monopole.
Reste que les fournisseurs d'accès américains sont de plus en plus impliqués dans la création et la diffusion de… leurs propres contenus. AT&T tente actuellement de mettre la main sur Time Warner, qui contrôle entre autres CNN et HBO. Comcast possède déjà NBCUniversal. La tentation sera grande de privilégier leurs offres.
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