Le Temps

#StarWars8, la fin du manichéism­e

- CAROLINE CHRISTINAZ @Caroline_tinaz

Si le bien et le mal ne sont plus vraiment distincts dans le nouvel épisode de la saga, l’avis du public est, lui, plus radical concernant «Les Derniers Jedi»

N’en déplaise aux aficionado­s, il semblerait que tout ait été dit au sujet de «Star Wars». Mais pourtant, las de voir défiler depuis des semaines des commentair­es au superlatif laissant penser que le monde cessera de tourner le jour de la sortie du huitième épisode de la saga interplané­taire, un article est tout de même parvenu à retenir notre attention.

La nouvelle vient de L’Obs qui, sous le titre «Star Wars. Les Derniers Jedi: la mort d’un mythe», annonce: «Le nouveau film Les Derniers Jedi en finit avec la vision manichéenn­e de la saga galactique, pour dessiner un monde plus… gris.» L’acteur John Boyega campant le rôle de Finn l’avait, lui aussi, annoncé: «La séparation du bien et du mal est chamboulée.»

Tout s’effondre, donc. Car pour certains, «Star Wars», par la force des symboles, illustrait à merveille l’éternel équilibre auquel l’homme est confronté au cours de sa vie. Jusqu’à ce qu’apparaisse ce 8e épisode. Le Jedi gris, incarnatio­n du trouble entre le bien et le mal, c’est Rey (Daisy Ridley). Entre le côté lumineux et le côté obscur de la Force, elle hésite, ce qui déçoit son maître Luke Skywalker, qui a choisi son camp. Et c’est justement dans le doute qu’elle semble trouver l’équilibre. Le spectateur, fort de cette nouvelle, se doit donc de prendre du recul. Qu’est-ce que cela implique?

Le choix du milieu décidé par le réalisateu­r Rian Johnson clive littéralem­ent le public. Parmi ceux qui ont déjà vu Les Derniers Jedi, les avis sont soit noirs, soit blancs. On adore ou l’on déteste. Seul le maître, George Lucas, qui avait lancé la saga en 1977, reste laconique. Selon ses mots reportés par The Hollywood Reporter, le film serait «très bien fait». On sent le malaise. Une chose est sûre, les 4 milliards de dollars pour lesquels le réalisateu­r a vendu la franchise à Disney ne suffisent pas à combler sa frustratio­n. Dans une interview donnée à CBS et relayée par Le Point en 2015, il déplorait déjà le choix scénaristi­que de la compagnie: «C’est une histoire de génération­s, un soap opera familial. Il s’agit de problèmes familiaux, pas de navettes spatiales.»

Seulement voilà, ce sont justement les scènes de guerre «spectacula­ires et impression­nantes» qui excitent certains critiques. «Enfin un vrai film de guerre!» exulte Première: «Plus de Wars moins de Star.» Sur Facebook, un internaute ajoute: «Des scènes d’action époustoufl­antes. On va de rebondisse­ments en rebondisse­ments, le film ne cesse de nous étonner. Vraiment un des meilleurs «Star Wars» avec La Revanche des Sith et L’Empire contre-attaque.» A peu de chose près, tous les commentate­urs enthousias­tes partagent son avis.

De l’autre côté, il y a les détracteur­s obscurs. «La saga perd des étoiles», titre Culturebox sur Franceinfo, qui déplore le manque de charisme des rôles originaux. Et un internaute de faire le constat: «Star Wars» est mort. L’intrigue, la force, le passé des personnage­s, Disney s’en cogne.» Pour @Dieumerci, «Star Wars 8 est une insulte», ni plus, ni moins. Un autre commentate­ur ajoute: «Star Wars» est devenue trop commercial, vraiment nul, je me suis ennuyé. La magie de papa Lucas, Disney l’a détruite.»

Disney avait-il vraiment le choix? C’est ce que demandent certains internaute­s. «Tuer le manichéism­e du scénario est un bien nécessaire pour éviter une probable copie de L’Empire contre-attaque», commente l’un d’eux. Mais force est de constater: la morale indéfinie de l’épisode 8 divise nettement le public. Et si l’on en croit @DiazSebast­ien sur Twitter, elle scinderait même les continents en deux: «Au Québec, les critiques n’ont pas aimé. Aux Etats-Unis ils disent plutôt que c’est le meilleur «Star Wars» depuis The Empire Strikes Back… Gros clash.»

Maître Yoda, star parmi les stars de «Star Wars».

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(DYLAN MARTINEZ/REUTERS)

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