La start-up SY&SE invente un procédé de fixation sans colle
La technologie de la jeune société de La Chaux-de-Fonds séduit plusieurs industriels, dont les horlogers
Sébastien Brun, le fondateur de la start-up SY&SE, est parvenu à lier du verre à du métal sans utiliser une seule goutte de colle. Plusieurs tests sont en cours avec différents types d’industrie, notamment les secteurs télécoms, de la microfluidique ou du biomédical. Le secteur horloger semble particulièrement intéressé par le savoir-faire de la jeune entreprise, mais préfère pour l’instant rester discret. «Grâce à notre technologie, nous pouvons dans certains cas particuliers lier le saphir aux composants d’une montre sans utiliser de colle. Il est aussi possible de sceller du verre à de la céramique», explique Sébastien Brun, un ancien mécanicien sur voiture devenu ingénieur à la Haute Ecole Arc ingénierie.
Concrètement, le fondateur de SY&SE, créée en 2017 et hébergée dans l’incubateur Neode à La Chaux-de-Fonds, a développé une technologie brevetée appelée «Impulse Current Bonding». Cette technique permet d’amener de l’énergie électromagnétique au coeur de la matière. Il s’agit d’une technologie issue de la méthode dite «Anodic Bonding», où seuls les atomes concernés sont activés. Comme l’opération se situe dans un réacteur à 150 degrés Celsius, bien au-dessous de la température de fusion, les composants restent à l’état solide et leurs propriétés demeurent intactes.
S’affranchir des polymères
L’énergie est si dense qu’elle permet aux atomes de migrer et de s’assembler avec les autres matériaux en seulement quelques secondes avec une force d’adhésion proche de la soudure. «On peut alors s’affranchir des polymères, explique Sébastien Brun. En faisant l’impasse sur les colles, qui se désagrègent avec le temps, on règle le problème de l’étanchéité.» La jeune société, actuellement en recherche de fonds externes, a conçu une machine prototype équipée de neuf micro-réacteurs.
Sébastien Brun avance également l’avantage de la biocompatibilité, de la diminution du taux de rebut et d’une diminution des matériaux d’apport. «Un jour, on aura peut-être des fenêtres 100% étanches grâce à notre technologie», espère Sébastien Brun. Plusieurs autres produits pourraient aussi être concernés par l’innovation de SY&SE, qui s’est démarquée en tant que start-up finaliste au dernier Prix BCN Innovation.
Cette méthode de scellage est en cours de validation dans différents secteurs. Une vingtaine d’industriels sont en contact avec la start-up, et des tests sont en cours de production pour une partie d’entre eux. «Tous les jours, je reçois une à deux demandes de clients potentiels», constate Sébastien Brun.
«Dans le domaine horloger, on peut espérer 10000 collages par an. Pour les micro-puces, on peut imaginer 100000 collages par an, voire encore plus pour des applications biomédicales et pour les semi-conducteurs, estime Claude Amiguet, ancien directeur du parc technologique de Neuchâtel, qui s’occupe notamment de soutenir la start-up. Celle-ci espère enregistrer un chiffre d’affaires de 5 millions de francs d’ici à cinq ans. Il y a une curiosité qui est le reflet d’un réel besoin. Il va falloir identifier les bons clients.»
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«En faisant l’impasse sur les colles, qui se désagrègent avec le temps, on règle le problème de l’étanchéité» SÉBASTIEN BRUN, FONDATEUR DE SY&SE