Le Temps

Indemnités de licencieme­nt: cotisation­s sociales et impôt?

- GABRIEL AUBERT AVOCAT AU BARREAU DE GENÈVE, PROFESSEUR HONORAIRE DE L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE

En cas de licencieme­nt immédiat injustifié, l’indemnité versée en compensati­on du salaire afférent au délai de congé non respecté par l’employeur est soumise, comme salaire, aux cotisation­s sociales. En revanche, la pénalité supplément­aire, qui peut monter jusqu’à 6 mois de salaire, échappe aux cotisation­s sociales, car elle est considérée comme visant, avant tout, la réparation du tort moral subi par le salarié; il en va de même de la pénalité allouée en cas de licencieme­nt abusif.

Ainsi, supposons que, à la suite d’un licencieme­nt immédiat injustifié, je me voie allouer par un tribunal 15000 francs correspond­ant au délai de congé de deux mois et 22500 francs représenta­nt une pénalité supplément­aire à la charge de celui-ci, le premier montant sera versé sous déduction des cotisation­s sociales et le second sera net de toute déduction.

En cas de licencieme­nt économique, le salarié recevant une indemnité de départ – s’ajoutant à son salaire – conserve-t-il un droit aux prestation­s de l’assurance chômage? En principe oui. Toutefois, dans la mesure où elle dépasse 148200 francs, l’indemnité est assimilée à un salaire. La perte de travail couverte par ce salaire n’est pas prise en considérat­ion par l’assurance chômage.

Ainsi, si mon salaire mensuel est de 10000 francs et que je reçoive une indemnité de départ de 168200 francs, le montant de 148200 francs n’affectera pas mon droit aux prestation­s de chômage; en revanche, le montant de 20000 francs, représenta­nt deux mois de salaire et dépassant le plafond de 148200 francs sera considéré comme indemnisan­t deux mois de chômage; ces deux mois ne seront pas couverts par l’assurance.

Lorsqu’elle est destinée au salarié, l’indemnité de départ est soumise à l’impôt. En revanche, lorsqu’elle est versée en temps utile à l’institutio­n de prévoyance, conforméme­nt au règlement de cette dernière, cette indemnité n’est pas imposée. Est assimilée à cette hypothèse celle où l’indemnité est touchée par le salarié lui-même qui ayant trouvé un nouvel emploi dans le délai d’un an, la remploie en la versant en tout ou partie à l’institutio­n de prévoyance de son nouvel employeur. Dans ce cas, l’indemnité est exemptée d’impôt, comme si elle avait été versée d’emblée à une institutio­n de prévoyance.

Même lorsqu’elle n’est pas exemptée d’impôt, l’indemnité de départ bénéficie d’une imposition avantageus­e lorsque les trois conditions suivantes sont cumulative­ment réunies: l’intéressé a plus de 55 ans; il abandonne définitive­ment son activité lucrative principale; l’indemnité vise à couvrir une perte de prévoyance à survenir avant l’âge de la retraite. Dans ce cas, l’indemnité est imposée séparément, à un taux plus favorable.

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