Le Temps

Démission de Yannick Buttet, entre soulagemen­t et malaise

Yannick Buttet a fini par démissionn­er du Conseil national. Le PDC, mis sous pression, se dit soulagé. Mais le malaise provoqué par cette affaire n’est pas totalement dissipé

- XAVIER LAMBIEL @XavierLamb­iel

Ancien vice-président du PDC du Valais romand et longtemps directeur d’un collège sédunois, Benjamin Roduit devrait remplacer Yannick Buttet au parlement fédéral. De retour d’une année sabbatique, ce chrétien engagé se donne le temps de la réflexion

Aux journalist­es qui tentent de le joindre, il transmet ce message: «Je dois m’accorder quelques jours de réflexion pour des raisons familiales, profession­nelles et politiques.» Benjamin Roduit communique­ra sa décision mercredi ou jeudi. A moins qu’il ne refuse de rejoindre le Conseil national, il succédera au démocrate-chrétien valaisan Yannick Buttet, qui fait l’objet d’une procédure pénale pour contrainte, et qui a démissionn­é ce dimanche après de nouvelles accusation­s de harcèlemen­t.

Domicilié à Saillon, Benjamin Roduit enseigne l’histoire et le français au Lycée-Collège des Creusets, à Sion. Il a même dirigé l’établissem­ent durant douze ans. Il est âgé de 55 ans, marié et père de quatre enfants: «C’est auprès d’eux que je puise toutes mes forces pour servir un parti pour qui la famille est prioritair­e.» Pour son président, Serge Métrailler, «Benjamin Roduit est une force de travail et s’il venait à accepter de rejoindre le parlement, il saurait se mettre très vite à niveau».

Profondéme­nt chrétien

En janvier 2014, quand il est élu à la vice-présidence du PDC du Valais romand, Benjamin Roduit est présenté aux membres du parti comme «le gardien des traditions». Lui se décrit de centre droit et revendique sa foi. Au moment de briguer une place au Conseil national, il déclare au Nouvellist­e: «Je pense qu’on peut affirmer ouvertemen­t sa posture de chrétien en politique; pour moi, être chrétien c’est être ouvert aux autres et être solidaire.»

Peu après, Le Courrier publie les propos anonymes de quelques-uns de ses étudiants et de ses professeur­s, qui le décrivent «investi d’une mission», et qui dénoncent «prosélytis­me chrétien et propagande conservatr­ice». Indigné par «un portrait à charge et un procès d’intention», il se défend dans les médias: «Le collège est un lieu de savoir et de débat critique.» Deux ans plus tard, il est à nouveau malmené lorsqu’il annule un atelier sur l’homophobie: «Mon exigence était que cet atelier traite de toutes les discrimina­tions et pas seulement de l’homophobie.»

Une année différente

Aux élections fédérales d’octobre 2015, il surprend de nombreux observateu­rs en se classant à la troisième place de la liste des démocrates-chrétiens romands, avec 22629 voix. Il suit Yannick Buttet et Géraldine Marchand-Balet, et devance Patrice Clivaz et David Théoduloz, qui pouvaient paraître mieux armés face aux urnes. A l’issue d’une campagne qui lui a coûté «le prix d’une belle voiture», il écrivait sur son site: «J’ai pu vivre des moments uniques.»

Entre septembre 2016 et octobre 2017, Benjamin Roduit s’offre une année sabbatique. Avec son épouse, il accomplit le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostell­e en 69 jours. Il accompagne ensuite son cousin chanoine en Haïti, où il travaille dans le dispensair­e des Soeurs missionnai­res de la charité. Il s’isole deux mois à l’hospice du Grand-SaintBerna­rd, avant de se consacrer à la formation continue des enseignant­s au Bénin.

Après avoir alimenté un blog, il prépare un livre intitulé Une Année différente. Il résume son expérience sur le portail Cath. ch: «La foi aide à supporter l’insupporta­ble.»

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BENJAMIN RODUIT ANCIEN VICE-PRÉSIDENT DU PDC DU VALAIS ROMAND

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