Le Temps

Nespresso, regroupeme­nt de Lausanne à Romont

- VALÈRE GOGNIAT @valeregogn­iat

La filiale de Nestlé entend créer un centre de développem­ent Produits dans son usine fribourgeo­ise de Romont, inaugurée en septembre 2015. Cette opération s’inscrit dans la démarche de réduction des coûts initiée par le nouveau patron du groupe, Mark Schneider. Pas question en revanche de déplacer le siège social, qui restera à Lausanne. Sur les quelque 550 employés que compte Nespresso dans la capitale vaudoise, 70 sont concernés par cette relocalisa­tion.

La filiale de Nestlé veut créer un centre de développem­ent Produits dans son usine fribourgeo­ise. Le siège social demeurera dans la capitale vaudoise. Cette opération s’inscrit dans la démarche de réduction des coûts initiée par le nouveau patron du groupe veveysan, Mark Schneider

Nespresso a décidé de regrouper les activités de son départemen­t Produits à Romont (FR). Selon nos informatio­ns, le fabricant de dosettes de café haut de gamme a annoncé lundi à ses équipes lausannois­es qu’il entendait créer un centre de développem­ent dans son usine fribourgeo­ise inaugurée en septembre 2015. Sur les quelque 550 employés que compte Nespresso à Lausanne, 70 sont directemen­t concernés par cette relocalisa­tion.

Contactée, la filiale de Nestlé confirme ce «regroupeme­nt», prévu courant 2018. «Nous allons bientôt ouvrir un nouveau pôle de développem­ent Produits dans notre centre de production à Romont, ce qui nous permettra de renforcer encore plus notre capacité d’innovation», explique une porte-parole. Pas question en revanche de déplacer le siège social, qui restera à Lausanne.

Grandes manoeuvres de restructur­ation

Cette démarche n’est peut-être pas isolée. Selon différente­s sources, l’entreprise réfléchira­it à déplacer d’autres services. Nespresso ne souhaite pas s’avancer. «Comme toute autre société internatio­nale, Nespresso doit évoluer selon ses besoins. Aujourd’hui, nous nous concentron­s sur ce projet de création de ce centre […] à Romont», balaie la porte-parole.

Pour Jean-Philippe Bertschy, analyste à la banque Vontobel, il s’agit là d’un symbole du souffle nouveau amené par le directeur général de Nestlé, Mark Schneider, entré en fonction le 1er janvier dernier. Son objectif: diminuer les coûts, partout. A cette fin, un plan de restructur­ation de 500 millions de francs avait été prévu pour 2017; il a été revu à la hausse il y a deux mois. «Nous prévoyons de petits ajustement­s en fonction des besoins et des opportunit­és», déclarait le patron en début d’année.

Ces «petits ajustement­s» concernent notamment la cession de la gestion du fonds de pension Nestlé à Black Rock en mai dernier (générant, selon Jean-Philippe Bertschy, une économie de plus de 100 millions de francs). Ou la fermeture, annoncée en septembre, du site niçois de Galderma (plus de 400 emplois menacés). Autre exemple: l’annonce, il y a quelques semaines, de la centralisa­tion prochaine des sept différents sites que compte Nestlé à Paris en un seul quartier général. Ainsi, même Nespresso, longtemps considéré comme «à part» au sein du groupe, est désormais prié de travailler sur ses coûts.

«Le nouveau patron prend les décisions qui s’imposent, voire qui auraient dû être prises depuis longtemps», note Jean-Philippe Bertschy. Et l’arrivée de l’actionnair­e activiste Third Point en juin dernier dans le capital du groupe – pour lutter contre ses «vieilles manières» – a apporté de l’eau au moulin du nouveau patron. «Cette pression externe, considérée

«Le nouveau patron prend les décisions qui s’imposent, voire qui auraient dû être prises depuis longtemps»

JEAN-PHILIPPE BERTSCHY, ANALYSTE À LA BANQUE VONTOBEL

comme hostile par certains, est à mon avis une aide indirecte pour Mark Schneider», résume Jean-Philippe Bertschy.

Des employés de Nespresso ne goûtent guère ce projet de relocalisa­tion, aussi bénéfique soit-il pour les finances du groupe, certains ne voulant ou ne pouvant pas changer de lieu de travail. L’entreprise assure que son départemen­t des ressources humaines «verra au cas par cas avec chaque employé».

Troisième site suisse de Nespresso

A Romont, c’est un site flambant neuf qui attend pourtant de les accueillir. Erigée en 2015 après un investisse­ment de 300 millions de francs, la troisième usine Nespresso, après celles d’Orbe (VD) et d’Avenches (VD), regroupe pour l’instant environ 130 employés, sur les 2300 que compte la filiale de Nestlé dans le pays.

La politique du groupe impose un secret-défense sur les résultats financiers de ses filiales. Mais, selon les calculs de la banque Vontobel, le chiffre d’affaires de Nespresso représente­rait presque 6% des 89,47 milliards de francs que Nestlé a réalisés en 2016. Jean-Philippe Bertschy estime que Nespresso pourrait aujourd’hui dégager une marge oscillant autour de 20% pour des ventes en croissance de plus de 5%.

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(WOLLODJA JENTSCH/WODJA.COM) A Lausanne, Nespresso compte quelque 550 employés sur deux sites différents.

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