Le Temps

Deuxième partie d’un jeu dangereux

- A. DN

«Jumanji-Bienvenue dans la Jungle» relance les dés qui expédient un quatuor de joueurs en enfer vert

Jumanji, c’est une sorte de jeu de l’oie, mais avec des dents. Au cours d’une partie en 1969, un kid a dû passer un tour prisonnier. Il s’est retrouvé coincé dans une jungle hostile. Il n’en ressort qu’un quart de siècle plus tard, sous les traits du regretté Robin Williams, lorsque des gosses, ayant retrouvé le plateau au galetas, ont tiré le bon numéro. La partie qui s’ensuit, telle que la rapporte le film de Joe Johnston (1995), est riche en éléments perturbate­urs: charges de rhinocéros et d’éléphants, invasions de singes, attaques de crocodiles, trombes d’eau et araignées géantes! Tout finit par rentrer dans l’ordre et le jeu dangereux, jeté à la rivière, traverse l’Atlantique pour échouer sur une plage de Normandie. Bon débarras!

Les courants ont rapidement ramené Jumanji sur une plage américaine, métamorpho­sé en jeu vidéo. Et c’est finalement dans le local de débarras où ils passent leurs heures de retenue que quatre cancres tombent sur le video game. A peine ont-ils branché le magnétosco­pe qu’ils sont propulsés au coeur de la jungle luxuriante et dangereuse. A eux d’éviter les hippopotam­es affamés, les mambas noirs, les jaguars cruels, les motards de la mort, et de terminer tous les niveaux sans avoir perdu leurs trois vies pour réintégrer leur réalité pavillonna­ire.

Quadragéna­ire pansu

Le Jumanji de 1995 avait frappé les esprits car c’était un des premiers films à utiliser massivemen­t l’imagerie générée par ordinateur et l’on s’ébaubissai­t de voir des fauves déferler à travers une salle à manger. Comme plus personne ne s’étonne aujourd’hui de voir des rhinocéros charger un hélicoptèr­e, il a fallu trouver autre chose: le second degré. Jumanji: Bienvenue dans la jungle se livre à une satire inspirée de la grammaire des video games. Il introduit surtout de délectable­s hiatus entre la personnali­té des quatre écoliers et celle de leurs avatars. Car le gringalet devient un malabar (Dwayne Johnson) et, changeant de sexe, la bimbo se transforme en quadragéna­ire pansu barbu (Jack Black)… Les ambiguïtés du réel et de la fiction se révèlent plus finaudes que le fracassant retour du refoulé doublé d’anarchisme animalier qu’orchestrai­t le film initial.

Le générique de fin aurait pu donner à entendre «Run Through the Jungle», de Creedence Clearwater Revival. Comme il figurait déjà dans Kong: Skull Island, c’est Guns N’ Roses qui s’y colle avec «Welcome to the Jungle».

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