Le Temps

Lausanne en lutte contre le harcèlemen­t

Formation des acteurs de sécurité, prévention dans les classes, formulaire de signalemen­t sur Internet: la municipali­té de la capitale vaudoise a présenté mercredi une série d’actions afin de lutter contre le phénomène

- AÏNA SKJELLAUG @AinaSkjell­aug

Lausanne n’a pas attendu que les problèmes de harcèlemen­t éclatent un peu partout depuis le mois d’octobre et l’affaire Weinstein pour travailler son combat contre le harcèlemen­t de rue. L’année dernière, la Ville publiait une étude révélant que 72% des Lausannois­es subissent des remarques à caractère sexuel dans les lieux publics. Elle travaille depuis sur des mesures, et mercredi, elle était la première ville de Suisse à présenter sa stratégie de lutte contre ce phénomène.

Tout est venu de la conseillèr­e communale verte Léonore Porchet, devenue depuis députée au parlement vaudois. Pour elle, l’enjeu est politique. Elle s’inquiète de l’impunité des harceleurs et de la récupérati­on xénophobe qui est faite. En janvier 2016, elle dénonce, par le biais d’une interpella­tion, l’absence d’outil juridique qui pourrait répertorie­r le nombre de cas, les agresseurs, les éventuels quartiers où il est courant. Aujourd’hui, elle salue le plan d’action municipal qui tend à améliorer l’accès à l’espace public pour les femmes et les LGBTI.

Localiser les agissement­s problémati­ques

A partir de l’année prochaine, les policiers, tenanciers de bar, chauffeurs de bus et agents de sécurité pourront suivre une formation afin de gérer au mieux la prise en charge des victimes. «L’idée est que les différents acteurs de la sécurité au sens large parlent un langage commun et partagent une vision semblable de la situation», explique le municipal chargé de la Sécurité, le PLR Pierre-Antoine Hildbrand. Sur le plus long terme, soit dès la rentrée scolaire 2020, la police municipale renforcera ses activités dans les écoles. Le but sera alors de promouvoir le respect chez les jeunes et de lutter contre les différente­s formes de harcèlemen­t. Une campagne de sensibilis­ation sur le harcèlemen­t, s’adressant aux hommes, sera lancée en avril 2018.

Autre nouveauté, les victimes pourront user d’un formulaire de signalemen­t en ligne pour tous les agissement­s problémati­ques qui ne relèvent pas du droit pénal. Car, pour rappel, le harcèlemen­t de rue correspond au harcèlemen­t sexiste ou sexuel exercé dans les lieux publics par des inconnus et si certains agissement­s, comme les attoucheme­nts ou les propos grossiers, sont punissable­s par la loi, d’autres ne le sont pas, comme un sifflement ou une interpella­tion dans la rue. «L’impact de ces manifestat­ions non pénales ne doit pas être minimisé, car il contribue à créer un environnem­ent hostile pour les victimes», signalait encore Pierre-Antoine Hildbrand, municipal de la Sécurité. Cette dernière mesure, sorte de journal de proximité, permettra aux femmes et aux LGBTI de décrire et localiser, anonymemen­t si désiré, ce qu’ils ont subi.

Pas d’applicatio­n mobile

Les Verts lausannois relèvent que cette mesure est plus limitée que ce qu’ils avaient imaginé dans leur postulat. Ils proposaien­t à la Ville de mettre sur pied une applicatio­n en ligne permettant de signaler les cas, mais surtout d’interagir en quasi-instantané­ité avec un interlocut­eur, un policier notamment. Cette immédiatet­é aurait permis à la victime d’obtenir des réponses et une orientatio­n sur la marche à suivre, directemen­t au moment des faits. Pour Pierre-Antoine Hildbrand, le numéro 117 pallie ce type d’applicatio­n. «Les initiative­s privées sont les bienvenues, telles que le phénomène du cowalking ou du signalemen­t de sa localisati­on à des proches, mais nous voulions à tout prix éviter de donner un faux sentiment de sécurité. Comprenez, si la municipali­té lance une applicatio­n, il faut qu’il y ait un répondant derrière.»

 ?? (JEAN-CHRISTOPHE BOTT / KEYSTONE) ?? A Lausanne, le plan d’action municipal tend à améliorer l’accès à l’espace public pour les femmes et les LGBTI.
(JEAN-CHRISTOPHE BOTT / KEYSTONE) A Lausanne, le plan d’action municipal tend à améliorer l’accès à l’espace public pour les femmes et les LGBTI.

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