Le Temps

Un rédacteur en chef alémanique accusé

- CÉLINE ZÜND, ZURICH @celinezund

Quelques jours après la démission du conseiller national Yannick Buttet, une nouvelle affaire touche cette fois le monde des médias

L’effet Weinstein gagne le monde des médias en Suisse. Werner De Schepper, un ancien rédacteur en chef du Blick, est soupçonné d’avoir harcelé plusieurs femmes alors qu’il occupait l’un des postes les plus influents des médias en Suisse. Le Tages-Anzeiger relaie mercredi des gestes déplacés et de propos sexistes attribués à cette personnali­té alémanique en vue, aujourd’hui corédacteu­r en chef de la Schweizer Illustrier­te.

Le nom du journalist­e a surgi dans la foulée de discussion­s autour du mouvement de dénonciati­ons de harcèlemen­t sur les réseaux#metoo. Le quotidien zurichois s’est entretenu avec 28 personnes, anciennes collaborat­rices ou proches du journalist­e, qui font état de manière anonyme de comporteme­nts qualifiés d’«importuns» ou «dégoûtants». Douze sources évoquent des incidents durant lesquels Werner De Schepper aurait touché les jambes, les fesses ou les seins de collaborat­rices sans leur consenteme­nt, sur leur lieu de travail où lors d’une fête.

«Plusieurs avertissem­ents»

Né en 1965, fervent catholique, Werner De Schepper a étudié la théologie. Journalist­e bien connu outre-Sarine, l’actuel corédacteu­r en chef de la Schweizer Illustrier­te, propriété du groupe Ringier (comme Le Temps), a occupé des postes de cadre au SonntagsBl­ick, à TeleBärn et à l’Aargauer Zeitung (AZ). Alors qu’il était à la tête du Blick, il n’hésitait pas à lancer des campagnes et dévoiler des scandales.

Les cas rapportés ne sont pas passibles de poursuites pénales, relève le Tages-Anzeiger, mais ils relèvent d’un «système qui a duré des années». Werner De Schepper ne s’exprime pas. Ringier, de son côté, affirme ne pas avoir connaissan­ce de plaintes à l’encontre de son collaborat­eur. «Si des employées ont subi des comporteme­nts inadéquats, nous regrettons qu’elles ne les aient pas signalés», écrit son service de presse, précisant: «Nous ne tolérons pas de comporteme­nts verbaux ou physiques qui dépassent les limites. Cependant, des accusation­s anonymes rapportées par des tiers ne constituen­t pas une base suffisante pour prendre des mesures.»

Aux Etats-Unis, depuis le scandale touchant l’influent producteur de films Harvey Weinstein, accusé par plus de 70 femmes de harcèlemen­t sexuel ou viol, pas une semaine ne s’écoule sans qu’un nouveau scandale n’éclate. En novembre, le New York Times, à l’origine des révélation­s, a suspendu l’un de ses collaborat­eurs, accusé par quatre femmes de «comporteme­nts sexuels inadéquats», incluant des baisers et attoucheme­nts non consentis.

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