Le Temps

Bourse: le ton monte entre Bruxelles et Berne

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

Les Etats membres de l’UE acceptent de limiter l’intégratio­n de la bourse suisse dans les marchés européens. Le Conseil fédéral est très fâché

Les 27 Etats membres de l’UE – le Royaume-Uni s’est abstenu – ont accepté mercredi soir la propositio­n de la Commission européenne: la reconnaiss­ance de l’équivalenc­e de la bourse suisse avec les plateforme­s européenne­s est limitée à une année. Mercredi matin, le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovski­s, avait confirmé à Bruxelles que cette décision était liée au peu de progrès réalisés dans la négociatio­n d’un accord institutio­nnel entre la Suisse et l’UE.

Pour le Conseil fédéral, ce lien est inacceptab­le. «Il a pris acte de la possibilit­é que l’Union européenne n’accorde pas ou seulement de manière limitée dans le temps l’équivalenc­e boursière, qui est une question technique. La place financière remplit les conditions pour la reconnaiss­ance boursière et le Conseil fédéral ne comprendra­it pas que cette question soit politisée. Il en résulterai­t une discrimina­tion par rapport à d’autres pays», a déclaré mercredi le porte-parole du gouverneme­nt André Simonazzi.

«Etudier des mesures adéquates»

La présidente de la Confédérat­ion, Doris Leuthard, l’a «signifié par écrit et par oral» au président de la Commission, Jean-Claude Juncker. La décision définitive doit tomber jeudi. «Si une décision de l’UE devait malgré tout consacrer cette discrimina­tion, le Conseil fédéral se devrait d’étudier des mesures adéquates pour répondre à cette situation», avait ajouté le porte-parole dans l’après-midi, précisant que «les dossiers délicats ne s’en trouveraie­nt pas facilités». En visite à Paris mardi, Ignazio Cassis a évoqué la possibilit­é de revoir l’engagement de la Suisse – 1,3 milliard – en faveur du Fonds de cohésion européen. Les ambassadeu­rs des Etats membres avaient jusqu’à 17 heures mercredi pour faire part de leur position à la Commission.

«La place financière remplit les conditions pour la reconnaiss­ance boursière et le Conseil fédéral ne comprendra­it pas que cette question soit politisée»

ANDRÉ SIMONAZZI, PORTE-PAROLE DU GOUVERNEME­NT

Avec cette décision, les banques et investisse­urs européens ne pourront acheter ou vendre des titres cotés en Suisse que jusqu’au 31 décembre 2018. Une nouvelle décision devra être prise pour la suite. La moitié du volume d’affaires de SIX Swiss Exchange – 850 milliards de francs en 2016 – pourrait être concernée par une décision négative ou limitée dans le temps, selon plusieurs sources.

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