Le Temps

Djokovic, Murray, Wawrinka et Nadal, quatre souffrants à l’Open d’Australie

Blessés en 2017, Novak Djokovic, Andy Murray, Stan Wawrinka et Rafael Nadal ont annoncé leur retour à l’Open d’Australie le 15 janvier. Mais dans quel état?

- LAURENT FAVRE @LaurentFav­re

Novak Djokovic et Stan Wawrinka en finale de l’US Open l’an dernier. «Je ne peux pas encore imposer une vraie flexion à mon genou»

La date est cochée dans l’agenda des amateurs de tennis depuis plusieurs mois. 15 janvier 2018: début de l’Open d’Australie. Avec un tableau masculin enfin au complet après presque deux ans d’intermitte­nce. Federer, Nadal et Del Potro (qui avaient vécu une saison 2016 tronquée); Djokovic, Murray, Wawrinka, Raonic, Nishikori (tous absents au second semestre 2017): cette fois, ils seront tous là.

Le souvenir de la fabuleuse finale de l’an dernier entre Federer et Nadal étant encore dans toutes les mémoires, beaucoup attendent des revenants de l’an neuf qu’ils fassent d’emblée des étincelles. Ce sera loin d’être évident. En voici quatre à qui l’on peut d’ores et déjà souhaiter une bonne année, «et surtout la santé», en 2018.

Rafael Nadal

Numéro 1 mondial

Absent depuis: le 14 novembre (abandon après sa défaite au Masters contre David Goffin) Point faible: genou droit

Intouchabl­e durant la saison sur terre battue (24 victoires, 1 défaite, 10es titres à Barcelone, MonteCarlo et Roland-Garros), redevenu numéro un mondial en août, vainqueur de l’US Open en septembre, Rafael Nadal a fini l’année sur les rotules: défaite sèche en finale du tournoi de Shanghai face à Federer, forfait à Bâle, abandon à Bercy et aux Masters.

En 2018, le Majorquin s’est promis de jouer moins: 18 tournois, contre 20 en 2017. En revanche, son programme de reprise est plutôt copieux. Nadal n’est pas Federer, il a besoin de jouer beaucoup pour se sentir bien. Il devrait donc enchaîner Abu Dhabi (exhibition), Brisbane (ATP 250) et une exhibition à Sydney avant de rejoindre Melbourne.

Le conditionn­el est de mise car Nadal, qui s’entraîne dans son académie sur l’île de Majorque depuis le 6 décembre, vient d’annuler une semaine de sparing prévue avec le Portugais Joao Sousa. «Il n’est pas prêt à jouer avec moi. Il m’a appelé pour me l’annoncer», a expliqué Sousa, cité par le journalist­e José Morgado sur Twitter. Selon la presse catalane, le numéro un mondial s’est rendu lundi à Barcelone, en compagnie de son entraîneur Carlos Moya, pour faire examiner son genou par le docteur Angel Ruiz Cotorro.

Novak Djokovic

Numéro 12 mondial

Absent depuis: le 12 juillet (abandon en quart de finale de Wimbledon devant Tomas Berdych) Point faible: coude droit

Officielle­ment, tout va bien. Usé physiqueme­nt et mentalemen­t, Novak Djokovic a mis un terme à sa saison le 26 juillet. Il en a profité pour prendre des vacances, reposer son coude droit qui le fait souffrir depuis plus d’un an et s’aérer l’esprit, lui qui n’était pas loin du burn-out après sa victoire à Roland-Garros en 2016.

Le Serbe a repris sa raquette mi-novembre et a renforcé son entourage en confirmant Andre Agassi et en engageant Radek Stepanek. Le 13 décembre dernier, il postait une photo de lui tout sourire depuis les courts du MonteCarlo Country Club, entouré (entre autres) de Stan Wawrinka, Tomas Berdych et Grigor Dimitrov. Comme s’il piaffait d’impatience, il reprendra la compétitio­n au premier jour de l’an à Doha puis participer­a le 10 janvier à Melbourne à une exhibition. Place ensuite aux choses sérieuses. Plusieurs acteurs du circuit, comme son entraîneur Craig O’Shannessy, Marin Cilic et même Rafael Nadal ont déclaré s’attendre à le retrouver très affûté et affamé.

D’autres attendent de voir. Ceux-là ne sont pas sûrs que l’associatio­n avec Stepanek, censé lui rendre l’oeil du tigre, puisse fonctionne­r durablemen­t. Ils se demandent surtout si Djokovic est complèteme­nt rétabli. Récemment, Guy Forget affirmait à un média indien que «Nole» n’avait, au début du mois de novembre, tapé que deux fois des balles, et encore, de sa mauvaise main. «Sa blessure au coude est extrêmemen­t grave, nous confie un très bon connaisseu­r français du circuit ATP. Une partie de son entourage lui a conseillé de se faire opérer. Lui n’a pas voulu, de peur de finir comme Del Potro, de n’être plus qu’un joueur capable de briller par intermitte­nce.»

Andy Murray

Numéro 16 mondial

Absent depuis: le 12 juillet (défaite en quart de finale de Wimbledon contre Sam Querrey)

Point faible: hanche droite

Au contraire de Novak Djokovic, Andy Murray n’a jamais tiré un trait sur la saison 2017. Il a successive­ment renoncé à la tournée américaine fin juillet, à l’US Open fin août, à la tournée asiatique en septembre, à la fin de saison indoor en Europe mi-octobre. A dix jours de son retour théorique, à Brisbane, le plus grand flou règne encore sur l’état physique de celui qui débuta la saison 2017 dans la position de numéro un mondial. Est-il toujours handicapé par sa hanche? A-t-il eu raison de choisir le repos plutôt que l’opération? Seule certitude: l’Ecossais, qui a admis avoir sans doute fait une erreur en «forçant» pour tenter de disputer l’US Open, ne prendra cette fois plus le moindre risque.

Le 7 novembre à Glasgow, lors de sa seule apparition publique sur un court, en kilt et casquette à carreaux face à Roger Federer, Murray boitait entre les points. Son intention était alors de partir s’entraîner deux semaines à Miami puis de rejoindre l’Australie juste avant Noël, un peu plus tôt que d’habitude, afin de compenser son manque de compétitio­n par une période d’acclimatat­ion plus longue. Selon le Telegraph, il était toujours à Londres cette semaine, où il s’entraîne à Wimbledon avec son entraîneur Jamie Delgado.

Officielle­ment, Andy Murray est confiant. «Je pense que je suis capable de revenir pleinement.» Mais il reconnaît qu’il y a «une grosse différence entre s’entraîner à 70-80% et jouer à 100% durant deux heures et demie ou trois heures en compétitio­n. Jusqu’à ce que j’y sois confronté, je ne pourrai pas en être certain.»

Stan Wawrinka

Numéro 9 mondial

Absent depuis: le 3 juillet (défaite au premier tour de Wimbledon contre Daniil Medvedev) Point faible: genou gauche

La saison 2017 de Stan Wawrinka ressemble un peu à la saison 2016 de Roger Federer: une demi-finale à Melbourne, une opération du genou, une saison close après Wimbledon. Le public (suisse) se prend donc à rêver pour le Vaudois d’un retour en 2018 aussi éblouissan­t que celui du Bâlois en 2017. «Les deux cas ne sont pas du tout comparable­s, rectifie Severin Luthi. Stan a été opéré plus tard dans l’année, d’une blessure plus grave, il a dû marcher plus longtemps avec des béquilles, six semaines je crois.»

Même remis sur pied par le même préparateu­r physique (Pierre Paganini), Wawrinka revient à la compétitio­n avec prudence. Engagé lui aussi pour Abu Dhabi, il vient de déclarer forfait, ne s’estimant «pas encore prêt à jouer à ce niveau». Au Matin Dimanche qui est allé le trouver mi-décembre à MonteCarlo, il a expliqué manquer d’encore «15 à 20%» de ses forces. «Je ne peux pas encore imposer une vraie flexion à mon genou. Dès que je dois descendre un peu plus bas et qu’il y a des mouvements réflexes, il n’est pas prêt. La flexion, là où ça appuie le plus sur la cicatrice, nécessite encore de la prudence et un plus gros travail.»

L’objectif de Stan Wawrinka est de pouvoir s’aligner à l’Open d’Australie. Il arrivera à Melbourne probableme­nt sans coach (Magnus Norman a souhaité prendre du recul) et sans beaucoup de repères.

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(AP PHOTO/DARRON CUMMINGS) STAN WAWRINKA

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