Le Temps

Pierin Vincenz, affaire devenue caduque

- MATHILDE FARINE, ZURICH @MathildeFa­rine

La Finma indique qu’elle a abandonné l’enquête qu’elle avait ouverte à l’encontre de Pierin Vincenz, l’ancien patron de Raiffeisen, pour conflit d’intérêts. Le Grison s’étant retiré de tous les mandats qu’il lui restait, l’investigat­ion est désormais sans objet, explique le régulateur.

L’ex-patron de Raiffeisen s’étant retiré de tous les mandats qu’il lui restait, l’investigat­ion est devenue caduque, estime le régulateur. Il n’aura plus d’activité dans un domaine réglementé par la Finma. On ne saura donc jamais s’il y a eu ou non conflit d’intérêts

Pierin Vincenz s’est-il rendu coupable de conflits d’intérêts? On ne le saura probableme­nt jamais. Ironiqueme­nt, c’est le risque que l’enquête de la Finma s’éternise qui a poussé l’ex-patron de Raiffeisen à annoncer, lundi, son retrait de la présidence du conseil d’administra­tion d’Helvetia. Or c’est justement cette décision qui a conduit le régulateur des banques à ranger son investigat­ion dans un tiroir.

Pierin Vincenz, 62 ans, ayant démissionn­é de toutes les fonctions qu’il occupait encore dans le secteur financier, la «procédure est devenue sans objet», a expliqué l’autorité de surveillan­ce des banques dans un communiqué diffusé jeudi. Elle met donc fin à une investigat­ion qui avait pour but de vérifier la «garantie d’une activité irréprocha­ble que toute personne occupant une position de direction d’importance décisive au sein d’établissem­ents assujettis doit offrir à tout moment». De fait, la Finma peut retirer la garantie irréprocha­ble à un organe. Elle peut aussi imposer à une personne une interdicti­on d’activité pendant une durée maximale de cinq ans.

Une part de mystère subsiste

Lancée en octobre dernier, la procédure, dite d’enforcemen­t, «concernait surtout la gestion des conflits d’intérêts en lien avec d’importante­s participat­ions», rappelle la Finma. Elle n’en dira pas davantage et, là aussi, une part de mystère risque de subsister. Plusieurs pistes ont été évoquées dans les médias alémanique­s et tournent autour d’une pratique interdite (si elle avait été avérée), celle du front running, qui consiste à prendre des participat­ions à titre individuel dans une société que sa propre entreprise s’apprête à racheter, afin d’encaisser une plus-value.

Pas de come-back

Pierin Vincenz a démissionn­é de toutes les fonctions qu’il occupait dans le secteur financier, rendant la procédure de la Finma sans objet.

De son côté, Pierin Vincenz explique par le biais de son communican­t prendre note de la décision. «Comme il ne travaille plus dans le domaine régulé par la Finma, la procédure est devenue sans objet. S’il s’agissait d’un reproche vraiment sérieux, cela n’aurait pas été le cas», estime son porte-parole. «Bien sûr, le fait de n’avoir pas pu avoir accès à son dossier, ni connaître précisémen­t les allégation­s le concernant, deux mois après l’ouverture de l’enquête, l’ennuie», ajoute-t-il. Quoi qu’il en soit, le Grisons ne fera pas de come-back: il dit s’être engagé à ne plus exercer de fonctions dirigeante­s dans des entreprise­s actives sur les marchés financiers. Et s’il lui prenait l’envie de le faire, le dossier pourrait ressortir de son tiroir. Le gendarme et l’ex-banquier le précisent.

La procédure avait été lancée suite à des investigat­ions sur la banque Raiffeisen elle-même, de la part de la Finma et d’un de ses mandataire­s, sur des questions de gouvernanc­e. C’est au cours de ce travail que s’est posée la question de la garantie de l’activité irréprocha­ble de son ex-directeur général (entre 1999 et 2015), puisqu’il était toujours actif dans la finance. La banque reste sous enquête, précise le régulateur.

Ironiqueme­nt, c’est le risque que l’enquête de la Finma s’éternise qui a poussé Pierin Vincenz à annoncer lundi son retrait de la présidence d’Helvetia

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(WALTER BIERI/KEYSTONE)

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