Le Temps

L’étonnant retour du droit de timbre

-

A l’exception de la gauche, les partis politiques saluent, à des degrés variables, la volonté du Conseil fédéral de «revoir» le projet de contributi­on de 1,3 milliard au Fonds de cohésion européen, en guise de riposte à la limitation de la reconnaiss­ance boursière. Pour l’UDC, ce versement doit être tout simplement «refusé». Le PLR considère lui aussi qu’il n’«y a plus de raison de poursuivre» ce projet d’aide financière aux pays de l’Est. «Le Conseil fédéral a annoncé son intention de verser ce milliard dans des circonstan­ces d’hier qui ne sont plus celles d’aujourd’hui. L’ambiance du 23 novembre [date de la visite de Jean-Claude Juncker à Berne] n’est pas celle du 21 décembre», précise son vice-président Christian Lüscher.

«Le Conseil fédéral n’a jamais promis qu’il verserait cet argent. Il a seulement dit qu’il envisageai­t de faire une propositio­n au parlement», enchaîne le président du PDC, Gerhard Pfister. «Le plus important est de dire à l’UE que nous avons des possibilit­és de réagir à ses décisions», ajoute-t-il. Mais il ne souhaite pas trop lier les dossiers entre eux et considère que l’UE a tort de le faire. Le PS juge pour sa part «inutile» d’établir un lien entre la décision de l’UE et le versement du milliard, «une décision prise il y a longtemps».

Dans le collimateu­r de la droite

La surprise, c’est l’irruption du droit de timbre dans ce dossier. Ce prélèvemen­t fiscal sur l’émission ou l’augmentati­on de la valeur nominale de droits de participat­ion, sur l’achat et la vente de titres effectués par des opérateurs suisses et sur les primes d’assurance est dans le collimateu­r de la droite depuis des années. Le droit de timbre a été partiellem­ent réformé et le PLR revient régulièrem­ent à la charge pour exiger son abolition. Le Conseil fédéral relance cette idée. «C’est un désavantag­e compétitif. Nous n’avions pas l’intention d’en reparler avant que le Projet fiscal 17, nouveau nom de la réforme fiscale des entreprise­s, soit sous toit. Mais il faut savoir s’adapter à la situation politique du moment», commente Christian Lüscher. L’UDC soutient la suppressio­n de cet impôt, comme le PDC. «Face à des signes montants que l’UE veut affaiblir la place financière suisse, il est du devoir des partis bourgeois de prendre des mesures», relève Gerhard Pfister.

A gauche, la pilule passe mal. Le président du PS, Christian Levrat, rejette ce «cadeau fiscal offert aux spéculateu­rs boursiers et aux entreprise­s». L’enjeu est important: les droits de timbre rapportent 2,5 milliards par an, soit 4% des recettes fiscales de la Confédérat­ion.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland