Les importations de bijoux ont explosé
Plus d’un milliard de francs de bijoux sont arrivés en Suisse en novembre. Les importations ont presque doublé par rapport à l’an dernier. Les douanes évoquent des «retours de marchandises»
La reprise économique mondiale améliore mois après mois les chiffres du commerce extérieur suisse. C’est aussi valable pour les importations. En novembre, elles ont progressé de 16,4% par rapport à l’an dernier.
Mais l’ampleur de cette hausse est à relativiser. Comme le montrent les chiffres publiés jeudi par les douanes suisses (AFD), la bijouterie et la joaillerie ont fortement contribué à cette augmentation. Par rapport à novembre 2016, la progression des arrivées en Suisse atteint 83%, soit 541 millions de francs de plus qu’il y a un an.
Des invendus ou des retours d’expositions
En un seul mois, l’équivalent de 1,17 milliard de francs de bijoux et d’articles de joaillerie est ainsi entré en Suisse. Ou plutôt, revenu en Suisse. Ce sont surtout des retours de marchandises, expliquent les douanes. Des rachats de pièces auprès des détaillants, comme cela a été le cas pour l’horlogerie?
Un professionnel de la branche n’y croit pas du tout. La conjoncture joaillière de ces dernières années n’est pas celle de l’horlogerie. Le secteur n’a pas eu à gérer des problèmes de stocks trop abondants. «Une partie de cette hausse est probablement liée à l’exportation puis à la réimportation de biens destinés à des expositions à l’étranger, ajoute Sébastien Dupré, le chef de l’analyse à l’AFD. Considérant la valeur de certaines pièces, ces chiffres peuvent varier fortement.»
Il existe pourtant des procédures d’admission temporaire – justement pour les foires ou les expositions – qui ne feraient pas apparaître ces allers-retours dans les statistiques. Mais les entreprises exposantes préfèrent souvent la voie normale – exportation, réimportation. Car les procédures d’admission temporaire exigent le dépôt d’une garantie, qui, au vu des montants en question, peut atteindre des sommes importantes. Contactée par Le Temps, la marque de Richemont Van Cleef & Arpels n’a pas souhaité faire de commentaire. Cartier, également propriété du groupe genevois, n’a pas pu répondre à nos questions jeudi.
Une autre partie de cette hausse pourrait être expliquée par la tendance à la délocalisation. C’est en tout cas l’hypothèse de Vincent Michel, joaillier indépendant basé à Lausanne. Lui travaille avec des artisans locaux. Mais il observe ce phénomène dans la joaillerie de masse: «La Thaïlande, notamment, produit et exporte beaucoup de pièces. Les techniques d’impression 3D sont désormais à la portée de tous. Pour les revendeurs, importer depuis ce genre de pays à bas coûts permet d’être compétitif sur un marché difficile, tout en conservant ses marges.» Depuis la Thaïlande, 8,9 millions de francs de bijoux ont été importés en novembre. Une progression de 114% par rapport au même mois de 2016. Sur onze mois, la hausse atteint 62%. Trois fois plus que la moyenne.
Les exportations et réimportations de bijoux pour des expositions (ici à Dubaï) peuvent provoquer de fortes variations dans les statistiques douanières. Sur le 1,2 milliard de francs de valeur importée le mois dernier, 42%, soit 517 millions de francs, viennent des Emirats arabes unis
Mais sur le 1,2 milliard de francs de valeur importée le mois dernier, plus de 42%, soit 517 millions, proviennent des Emirats arabes unis. Un total 3,5 fois plus élevé que l’an passé. Les envois de bijoux et d’articles joailliers en provenance des Etats-Unis ont, eux, plus que doublé, à 101 millions de francs. A noter aussi que depuis le Koweït, les importations atteignent 38,7 millions. C’est sept fois plus qu’en novembre 2016.
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