Le Temps

JP Morgan (Suisse) épinglé par la Finma dans le cas 1MDB

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La Finma a clos fin juin une procédure d’applicatio­n de la loi («enforcemen­t») à l’encontre de JP Morgan (Suisse). Elle pointe les importants manquement­s de la filiale helvétique de la banque américaine dans le scandale du fonds souverain malaisien 1MDB

En raison de clarificat­ions insuffisan­tes de relations d’affaires et de transactio­ns enregistré­es en Suisse en lien avec le fonds 1MDB et l’un de ses partenaire­s commerciau­x, JP Morgan (Suisse), dont le siège est à Genève, a gravement enfreint les dispositio­ns en matière de lutte contre le blanchimen­t d’argent, constate jeudi l’Autorité fédérale de surveillan­ce des marchés financiers (Finma).

Cette décision, qui n’a pas fait l’objet d’un recours, est définitive et exécutoire. Aucune sanction monétaire ou de restrictio­n commercial­e n’a été prise à l’encontre de la filiale suisse de la banque américaine, qui a bien collaboré à l’enquête. Aucune procédure n’a de même été ouverte contre des personnes physiques.

«La résolution de la Finma porte sur des questions qui se sont déroulées il y a des années […]. Depuis lors, nous avons amélioré la formation, ajouté du personnel et fait des progrès dans le suivi et la surveillan­ce», souligne de son côté JP Morgan dans une prise de position.

Dans le détail, la Finma relève des risques de blanchimen­t d’argent insuffisam­ment identifiés. Pour certaines relations d’affaires, la banque a certes identifié les clients comme des personnes politiquem­ent exposées (PPE), mais n’a pas traité et surveillé de manière adéquate les risques accrus que ces relations présentaie­nt.

L’établissem­ent s’est satisfait, dans le suivi de ces relations d’affaires, d’informatio­ns parfois incomplète­s ou incohérent­es de la part de ses clients, sans les clarifier de manière approfondi­e ou les documenter, poursuit le gendarme des marchés financiers.

Contrôles lacunaires

De même, certaines alertes générées par le système de contrôle ont été closes sur la base d’informatio­ns insuffisan­tes. Certains renseignem­ents communiqué­s par les clients ont été considérés comme plausibles sans autres clarificat­ions.

En outre, JP Morgan n’a pas identifié les risques de blanchimen­t d’argent découlant de flux de paiement entre des comptes commerciau­x et privés. La Finma pointe par exemple du doigt un versement de plusieurs centaines de millions de dollars dont une partie a transité sur un compte, sans que la banque ne questionne le moyen de procéder ou le but économique avéré de l’argent.

Un audit sera mené

Etant donné les contrôles lacunaires et les graves violations de la loi, la Finma va soumettre à un audit le système de contrôle de l’établissem­ent dans le domaine de la lutte contre le blanchimen­t d’argent. Elle a de plus porté le cas à la connaissan­ce de l’autorité de surveillan­ce américaine compétente.

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