Le Temps

Pour sécuriser son approvisio­nnement en billets, la BNS rachète Landqart

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Afin de garantir la production des nouveaux billets de banque, l’institut d’émission vole au secours de Landqart, en difficulté à la suite de la défection d’un important client

La Banque nationale suisse (BNS) s’empare de 90% du capital-actions du fabricant grison de papier de sécurité, le groupe zurichois d’édition et d’impression Orell Füssli reprenant les 10% restants, pour un montant total de 21,5 millions de francs.

Sont aussi reprises, suivant le même rapport de participat­ion, les actions de Landqart Management and Services, a précisé jeudi la BNS. Cette société détient notamment les brevets de la technologi­e à la base du substrat Durasafe utilisé pour la nouvelle série – la 9e – de billets de banque.

Annulation de commande

L’entreprise établie à Landquart, unique fournisseu­r disposant de cette technologi­e et des capacités de production correspond­antes, fabrique le substrat des nouveaux billets. Cette matière, mélange de papier de sécurité et d’un polymère transparen­t, est ensuite imprimée et dotée des éléments de sécurité chez Orell Füssli, dont la BNS détient un tiers des parts.

En octobre dernier, Landqart a informé la BNS qu’un important client de papier de banque traditionn­el avait annulé à court terme et sans préavis sa commande, a expliqué devant la presse à Zurich Thomas Jordan, le président de l’institut d’émission. Cette annulation entraînait alors une chute de 16% des revenus attendus au quatrième trimestre et même de 30% l’an prochain.

Face à cette situation, l’entreprise, qui emploie quelque 260 salariés, a introduit début décembre le chômage partiel, et cela pour une durée de trois à quatre mois. Alors que Landqart risquait la liquidatio­n, avec comme conséquenc­e l’interrupti­on de la production des nouveaux billets, la BNS, après avoir examiné plusieurs options, a jugé qu’un rachat représenta­it la meilleure solution, a dit Thomas Jordan.

Les négociatio­ns entamées avec le propriétai­re de la société, une filiale du groupe canadien Fortress Paper Ltd, coté à la bourse de Toronto, ont abouti mercredi avec la signature des contrats de reprise. Pour la BNS, le prix d’achat se monte à 19,35 millions de francs, somme financée via le budget ordinaire de la banque centrale.

Le rachat de Landqart s’inscrit dans le contexte d’un besoin urgent de liquidités pour la société et, pour la banque centrale, l’accompliss­ement de son mandat légal d’approvisio­nnement en numéraire, a poursuivi Thomas Jordan. Outre les brevets et les machines, l’acquisitio­n permet de sauvegarde­r le savoirfair­e des salariés.

Fortress Paper avait acquis Landqart en 2006. Le groupe de Vancouver qui, dans une présentati­on, indiquait en octobre avoir investi 106 millions de dollars (103,75 millions de francs) depuis 2007 dans son site grison, a probableme­nt estimé que celui-ci n’était pas suffisamme­nt rentable, selon Thomas Jordan.

Outre les brevets et les machines, l’acquisitio­n permet de sauvegarde­r le savoir-faire des salariés

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