Le Temps

Votre entreprise prendra bien un peu de «design management»

- SILNA BORTER PROFESSEUR­E À LA HEIG DU CANTON DE VAUD

Le design évoque souvent davantage la chaise Thonet n° 14 dite «chaise bistrot» ou la Tulip Chair d’Eero Saarinen que des pratiques de management au service de la stratégie d’entreprise. Et pourtant. Les PME, notamment, bénéficier­aient d’une plus-value largement inexploité­e en intégrant le design autrement qu’au travers d’une revisitati­on avant-gardiste du salon VIP. En effet, le design ne se limite pas au dessin figuratif, mais concerne une «habilité à concevoir» intégrant le processus créatif et tendant vers un résultat concret, faisant le lien entre producteur­s de biens et services, et utilisateu­rs.

Il s’agit donc de déterminer les caractéris­tiques d’un produit tangible ou intangible, afin d’en améliorer l’attractivi­té aux yeux du client. En d’autres termes, l’intégratio­n du design dans l’entreprise permet de favoriser l’innovation et la compétitiv­ité des entreprise­s, ce que démontrent les études menées sur le sujet. Encore faut-il savoir comment mettre en lien concrèteme­nt les champs couverts par le design et la stratégie d’entreprise.

C’est précisémen­t l’objet des recherches sur le design management, qui étudient la manière dont sont coordonnée­s toutes les activités associées à l’implémenta­tion du design, en articulati­on avec les objectifs et la stratégie de l’entreprise. Une équipe interdisci­plinaire issue des hautes écoles vaudoises, pilotée par Nathalie Nyffeler (HEIG-VD) ainsi que Luc Bergeron (EcAL), a mis en évidence les bonnes pratiques en la matière et a développé un outil de diagnostic pour aider les PME désireuses de se doter d’un avantage concurrent­iel.

Les premiers résultats permettent de mettre en évidence les cinq leviers d’action que sont l’optimisati­on des processus, le positionne­ment de la marque, la gestion globale de la relation client, la définition de l’offre, ainsi que la stratégie de développem­ent. Le périmètre suisse romand de l’étude a permis d’identifier des entreprise­s exemplaire­s, ayant su mettre le design au service d’un positionne­ment fort, ancré dans une culture de l’excellence. L’intérêt et la faisabilit­é d’une telle démarche sont donc démontrés sur le terrain et l’entreprene­uriat suisse peut aligner sans rougir quelques fleurons de l’innovation parmi ses PME. Mais il serait regrettabl­e que le design management ne s’adresse qu’à des exceptions, puisque le monde académique s’est doté d’outils concrets permettant d’accompagne­r les PME.

Le spectre des réflexions est en effet assez vaste pour concerner toute organisati­on, que cela soit au niveau de la mise en place de processus de cocréation, d’un enrichisse­ment de l’expérience globale du client, d’un renforceme­nt du positionne­ment ou simplement d’une meilleure intégratio­n du design. La recherche en est à ses balbutieme­nts en Suisse romande, le cercle des PME bénéficiai­res reste encore confidenti­el… C’est le moment ou jamais d’ouvrir son entreprise à une éclosion organique de son management stratégiqu­e.

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