Le Temps

Des pompiers et des mygales

- ATS/LT

Les nouveaux animaux de compagnie – serpents, araignées ou autres iguanes – exigent des connaissan­ces spécifique­s pour les approcher et déroutent parfois les sapeurs-pompiers lors d’interventi­ons. Une formation spéciale est dispensée en Valais

Reptiles, mygales ou scorpions: les pompiers ou les policiers n’ont pas toujours affaire qu’à des humains lors d’interventi­ons. En Valais, des spécialist­es sont à leur dispositio­n pour les assister.

Les nouveaux animaux de compagnie ou NAC détrônent parfois chiens et chats dans les logis. Si les oiseaux, lapins ou tortues ne posent guère de problèmes, les serpents, araignées ou autres iguanes exigent des connaissan­ces spécifique­s pour les approcher. Plusieurs corps de sapeurs-pompiers valaisans ont suivi une formation pour les maîtriser. «Nous avons appris notamment à manipuler des serpents avec un crochet métallique et à attraper des mygales. C’était très intéressan­t», relate David Vocat, commandant du Centre de secours incendie (CSI) de Crans-Montana.

Apprendre l’existence de NAC dans un logement après y avoir pénétré peut être dangereux pour les secouriste­s. «Nous encourageo­ns vivement les propriétai­res à coller sur leur porte des autocollan­ts qu’ils peuvent se procurer auprès de la Fédération suisse des sapeurs-pompiers et qui indiquent quels animaux se trouvent à l’intérieur», dit Marc-André Pillet, commandant du feu à Martigny.

«Penser comme un serpent»

«Un cobra peut tuer un homme en deux heures. D’autres reptiles peuvent infliger une mauvaise morsure même à travers un vêtement. Il ne faut donc prendre aucun risque si l’on n’est pas sûr de savoir à quel serpent on a affaire», prévient Vincent Suardet, qui a dispensé des cours aux sapeurs-pompiers de Crans-Montana et de Savièse. Le jeune homme, passionné de serpents depuis l’âge de 8 ans, éleveur de NAC et actuelleme­nt en formation de gardien d’animaux sauvages dans le canton de Vaud, a appris aux hommes du feu à identifier les six espèces de serpents que l’on trouve en Suisse. Puis à les distinguer des reptiles importés.

Il leur a appris à «démystifie­r, manipuler et capturer» serpents, mygales ou scorpions «en toute sécurité». «Une fois sur le terrain, les secouriste­s peuvent m’envoyer une photo au moindre doute et je peux aussi me déplacer», précise Vincent Suardet.

Rarement confrontés au problème lors d’incendies, les secours sont plus souvent appelés à la rescousse par des privés effrayés d’avoir vu un serpent ramper devant chez eux. «Nous avons par deux fois capturé des vipères et les avons remis directemen­t en forêt», se souvient le commandant du CSI de Sion Frédéric Héritier.

Le spécialist­e des vipères Yves Brunelli ne dispense pas de cours qu’il juge «trop brefs pour un sujet si complexe». Il préfère donner des conseils, des conférence­s et intervenir lui-même sur le terrain: «Je travaille pour le service valaisan des forêts et du paysage. J’interviens aussi auprès du service de la chasse, de la police cantonale, du 144, d’hôpitaux et de privés.» Passionné de vipères depuis plus de quarante ans, Yves Brunelli intervient une quarantain­e de fois par année pour des serpents indigènes, mais aussi exotiques tels que crotales, boas ou pythons. Lorsqu’il est appelé sur le terrain, il se met à «penser comme un serpent: il me faut en général moins de dix minutes pour le dénicher puis le déloger».

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